Accès aux soins - Pharmacies : optimistes sur le réseau d'officines, l'Igas et l'IGF proposent néanmoins des mesures
L'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'Inspection générale des finances (IGF) ont remis leur rapport très attendu sur "La régulation du réseau des pharmacies d'officine", commandé en janvier dernier par Marisol Touraine et Michel Sapin. Ce travail s'inscrit dans le prolongement du rapport de l'Igas de 2011 sur "Pharmacies d'officine : rémunération, mission, réseau" (voir notre article ci-contre du 1er juillet 2011).
97% de la population à moins de dix minutes en voiture d'une pharmacie
Tout en soulignant que la pharmacie d'officine se trouve aujourd'hui "à la croisée des chemins", le rapport donne une vision plutôt optimiste de la situation du réseau d'officines. Plus optimiste en tout cas que celle avancée régulièrement par le conseil national de l'Ordre des pharmaciens, qui insiste sur la baisse continue du nombre d'officines (voir nos articles ci-contre du 24 mai 2016 et du 5 décembre 2014).
Tout en confirmant la réduction du nombre d'officines depuis le début des années 2000 (-2,6% sur les cinq dernières années), l'Igas et l'IGF relèvent qu'"au regard des critères populationnels réglementaires, 91% des officines sont implantées dans des territoires en surdensité officinale". En outre, "ces fermetures ne sont pas le reflet d'une crise économique majeure traversée par le secteur, dans la mesure où les cas de liquidation judiciaire sont rares".
Vu du côté de l'offre, et malgré "les centaines de restitutions de licences intervenues ces dernières années", 97% de la population métropolitaine vit aujourd'hui à moins de dix minutes en voiture d'une officine (seuls 0,5% se trouvant à plus de quinze minutes, essentiellement "dans des territoires isolés ou montagneux et, vraisemblablement [...] dans certains quartiers de la politique de la ville").
Les simulations réalisées par la mission montrent que 96% de la population resteraient à moins de dix minutes d'une officine à l'horizon de dix ans et seulement 0,8% à plus de quinze minutes.
Trois scénarios pour dynamiser le réseau
Cette vision plutôt rassurante ne signifie pas que le réseau des pharmacies d'officine n'est pas confronté à des difficultés. Même s'"il n'apparaît pas nécessaire de mener des actions nationales d'envergure sur le réseau", l'Igas et l'IGF préconisent "de doter les ARS de leviers d'intervention leur permettant de développer une véritable stratégie d'implantation des officines, non pas exclusivement selon des logiques d'aménagement du territoire, mais suivant une politique intégrée d'offre de soins de premier recours".
En pratique, il s'agit notamment de mieux prendre en compte les "problématiques officinales" dans les projets régionaux de santé, dont elles sont aujourd'hui presque totalement absentes. Le rapport propose aussi trois scénarios de régulation, "répondant chacun à des objectifs différents et complémentaires" et qui peuvent donc être cumulatifs. Par ordre de priorité, le premier consiste à "donner aux ARS les moyens de traiter les zones peu attractives" : mise en place de succursales d'officine ou pharmabus, dispensation à domicile, diversification des missions des pharmaciens... Le tout en s'appuyant sur la création d'un nouveau rôle de "pharmacien référent".
Le second scénario vise à réorganiser le réseau, notamment pour les officines les plus petites en territoire surdense. Il passe en particulier par la mise en œuvre de regroupements, quitte à conserver des locaux non contigus. Enfin, le troisième scénario prévoit de donner une "meilleure résilience" au réseau d'officines, notamment en facilitant les transferts pour mieux s'adapter aux habitudes de la population : possibilités de stationnement, articulation avec la présence d'autres services médicaux et d'autres commerces, implantation dans des nœuds de transport comme les gares... Il propose également d'élargir la notion de population de référence - qui sert de base aux autorisations - au-delà du périmètre communal dans les territoires en sous-densité officinale et de développer les logiques d'appels à projets portées par les ARS.