Pauvreté : l’Unccas fédère des associations d’élus et de solidarité pour interpeler le gouvernement
"Un réarmement social". C’est ce que l’Union nationale des centres communaux d’action sociale souhaite pour 2024, dans un contexte d’aggravation de la pauvreté. Avec plusieurs associations d’élus et de solidarité, l’Unccas entend réclamer à la nouvelle ministre des Solidarités l’organisation d’une conférence de consensus sur la lutte contre la précarité, la situation sociale des outre-mer, le logement, l’alimentation et le bien vieillir.
"Partout le constat est le même : la précarité est en train de s’intensifier", a mis en garde le 24 janvier 2024 Luc Carvounas, président de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), lors d’une cérémonie des vœux. Cette dernière faisait suite à une réunion, à l’initiative de l’Unccas, entre plusieurs associations d’élus et de solidarité pour collectivement "donner l’alerte face à la situation sociale dramatique dans laquelle se trouve notre pays".
"Nous nous sommes réunis pour dire non : on ne vaincra pas la pauvreté en s’attaquant aux pauvres", affirme le maire d’Alfortville, dénonçant pêle-mêle la "stigmatisation" des bénéficiaires de minima sociaux, la "mise au travail forcé" prévue selon lui dans la loi France Travail et les dispositions de "préférence nationale" que contiendrait la controversée loi sur l’immigration – sur laquelle le Conseil constitutionnel rendait sa décision ce 25 janvier. Ne cachant pas "une certaine déception" sur le Pacte des solidarités (voir notre article), Luc Carvounas appelle – pour paraphraser le président de la République (voir notre article) – à "un réarmement social". Il cite plusieurs pistes jugées souhaitables : un service public consolidé et "un nouveau mouvement de décentralisation" couplé à un renforcement des finances locales, l’accent mis sur la prévention et davantage de moyens pour lutter contre le sans-abrisme (voir notre article).
"On voit les ministres se succéder"
Parmi les associations ayant répondu présentes à l’invitation de l’Unccas : Départements de France, l’Association des maires de France (AMF), Intercommunalités de France, l’Association des petites villes de France (APVF), l’Association des maires ruraux de France (AMRF), l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif), France urbaine, Ville & Banlieue, le Collectif Alerte, le Secours catholique, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) et la Croix-Rouge française. La démarche consisterait à adresser un courrier commun à Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, pour lui demander d’organiser une "conférence de consensus" sur la pauvreté.
"On voit les ministres se succéder et on n’a pas l’impression d’avoir beaucoup d’écoute", a témoigné Véronique Devise, présidente du Secours catholique. Or "la pauvreté augmente", constatait le Secours catholique en novembre dernier dans son rapport annuel (voir notre article). Et des évolutions, telles que la hausse prochaine des tarifs de l’électricité et des franchises médicales, ne laissent pas espérer d’amélioration, pour le président de l’Unccas qui dénonce des "situations insoutenables" comme celle des agriculteurs aux faibles revenus. "Si la ministre reçoit un courrier cosigné de tous les acteurs qui étaient là ce matin, elle va nous ouvrir la porte", veut croire Luc Carvounas.
Une loi grand âge "d’ici la fin de l’année" ?
A travers cette démarche, l’Unccas voudrait porter "cinq priorités" : la lutte contre la précarité, la situation des territoires ultramarins où la pauvreté est encore bien plus forte que dans l’hexagone (un "Manifeste pour les Outre-mer" a été porté en novembre dernier), l’alimentation, le logement et le bien vieillir. Sur ce dernier point, il s’agit de rappeler au nouveau gouvernement l’engagement du précédent concernant "la fameuse loi sur le grand âge", Elisabeth Borne s’étant engagée à faire adopter une loi de programmation "au second semestre 2024" (voir notre article). Auditionnée le 24 janvier par la commission des affaires sociales du Sénat, Catherine Vautrin a confirmé l’engagement de faire voter une loi grand âge "d’ici la fin de l’année", qui ne serait pas forcément une loi de programmation mais qui porterait sur "la stratégie, les finances et la gouvernance", rapporte l’AFP.
"Notre difficulté, c’est de mettre le zoom sur des sujets très politiques qui ne sont pourtant pas inscrits à l’ordre du jour du gouvernement", indique Luc Carvounas à la presse. Il dit n’avoir eu "aucun retour" suite au Manifeste sur les Outre-mer mais assure qu’il "ne va pas en rester là", comptant fédérer des parlementaires avec Ericka Bareigts, maire de Saint-Denis (Réunion), et le sénateur Patrick Kanner, en vue d’une proposition de loi sur le sujet. Le thème du logement fera par ailleurs l’objet d’une rencontre dédiée à Montpellier à l’automne prochain. "Avoir un toit au-dessus de la tête, c’est le point d’entrée de toute structuration de vie. Construire du logement, c’est la première priorité politique", conclut le président de l’Unccas.