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Culture / Tourisme - Patrimoine mondial : l'Etat engage l'élargissement de la protection du canal du Midi

La pression croissante de l'Unesco sur la protection et le devenir du patrimoine mondial ne se cantonne pas aux seuls sites et monuments proprement dits. Elle s'étend de plus en plus aux abords, ce qui est un moyen de faire baisser la pression - foncière, urbaine, économique, démographique... - qui s'exerce sur certains d'entre eux.
Un nouvel exemple vient d'en être fourni à propos du canal du Midi, inscrit au patrimoine mondial en 1996. Le préfet de la région Midi-Pyrénées a réuni, le 10 juillet, le comité de pilotage de la charte interrégionale du canal. L'ouvrage est en effet à cheval sur deux régions (Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon) et trois départements (Haute-Garonne, Aude et Hérault). Ce comité de pilotage rassemble les deux régions, les trois départements et les communes et intercommunalités riveraines du canal, ainsi que Voies navigables de France (VNF). Pour l'occasion, il a été élargi à des représentants des départements traversés par le canal latéral à la Garonne, qui prolonge le canal du Midi entre Toulouse et Bordeaux (l'ensemble formant le canal des Deux-Mers).
L'objectif de la réunion du 10 juillet était de finaliser le schéma de développement du canal des Deux-Mers, qui doit être présenté à la fin de 2012 et se déclinera ensuite en différents plans d'action. Le schéma doit organiser "des politiques d'aménagement et de service aux usagers" et "concilier les enjeux de tous les acteurs et la dimension patrimoniale de l'ouvrage".
Le schéma devra également répondre à la demande du comité du patrimoine mondial de mettre en place des protections complémentaires aux abords du canal du Midi. Ceci impose notamment de "redéfinir les limites des 'zones tampons' et les protections aux abords du canal et des rigoles, pour en préserver la qualité paysagère". Pour aboutir à cette redéfinition de la zone tampon résultant de l'inscription initiale, l'Etat - propriétaire du canal du Midi et qui en délègue la gestion à VNF - a d'ores et déjà précisé les contours de la zone sensible et de la zone d'influence.
A la rentrée, le préfet de la région Midi-Pyrénées - qui coordonne le dossier - doit organiser des réunions, présidées par les préfets de département dans l'Aude, la Haute-Garonne et l'Hérault. Ces réunions associeront également les collectivités territoriales et les chambres consulaires concernées, avec pour objectif d'examiner le nouveau périmètre de protection. Dans les zones les plus sensibles, celui-ci pourra aller jusqu'à une dizaine de kilomètres de large de part et d'autre des deux rives du canal et se fondera sur la notion de "co-visibilité" demandée par l'Unesco (absence d'éléments venant perturber la vision du site ou de l'ouvrage).
En tout état de cause, le dossier devra être sérieusement argumenté, car le comité du patrimoine mondial - comme le montre l'exemple récent du mont Saint-Michel - ne se contente plus de déclarations d'intention, mais exige des mesures précises et des engagements fermes.
A noter : le canal du Midi est confronté à une autre urgence, tout aussi inquiétante même si elle n'est pas portée par l'Unesco. Il s'agit en l'occurrence du remplacement des milliers des platanes - indissociables de l'image du canal - qui sont aujourd'hui atteints par le chancre coloré. Un récent rapport sénatorial évalue le coût de ce remplacement à 200 millions d'euros (voir notre article ci-contre du 22 juin 2012).

 

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