Participation et engagement des jeunes : quelques repères

Voter, exercer un mandat d’élu, participer à des consultations européennes ou à un conseil local des jeunes, réaliser un service civique ou encore consommer ou travailler d’une certaine manière… les jeunes ont de multiples façons de s’engager, comme le rappelle Décider ensemble. 

À l’approche des élections européennes, le think tank Décider ensemble vient de publier un panorama des formes de participation et d’engagement des jeunes en France et en Europe. Lors des élections du 9 juin prochain, "8% des Français seront des primo-votants, représentant 21 millions de personnes à l’échelle de l’Union" ; or "seulement 30% des jeunes ont l’intention de se rendre aux urnes", est-il indiqué. Pour Décider ensemble, ce "désengagement dès la première élection" nécessite "une attention particulière" : il "peut avoir des répercussions significatives sur la représentation et l'inclusion des jeunes dans les processus décisionnels, rendant cruciale l'exploration de nouvelles formes d'engagement pour cette tranche d'âge". 

La publication s’accompagne de l’interview d’un jeune élu, Yann Feurté, conseiller municipal à Podensac (Gironde), qui présente son parcours, les moteurs de son engagement et la façon dont il vit son mandat. Dans le cadre de l’Association des jeunes élus de France (Ajef), Yann Feurté a plaidé, auprès de la ministre Dominique Faure dans le cadre de la loi sur le statut de l’élu local (voir notre article), pour l’instauration de la visioconférence dans les conseils municipaux et la reconnaissance du statut de l’étudiant élu. Rappelant que l’exercice du mandat représente un coût pour nombre d’élus, il se dit également "favorable à une indemnisation pour tous (même symbolique) ou d'un remboursement des frais de déplacement à condition que celui-ci ne pèse pas sur les collectivités". 

Si cette forme d’engagement est minoritaire pour diverses raisons (voir notre article de 2020) et si les jeunes – encore plus que leurs aînés - s’éloignent des modes de participation traditionnels (vote, militantisme politique ou syndical), les auteurs insistent sur le phénomène de "recomposition de l’engagement de la jeunesse", citant un sondage de décembre 2022 (BVAXsight) selon lequel "55% des jeunes de 18 à 24 ans se considèrent engagés"… L’engagement se traduisant notamment par des choix de vie, de travail ou de consommation alignés à des valeurs et par l’expression d’opinions sur les réseaux sociaux. 

Décider ensemble propose un panorama des dispositifs qui offrent aujourd’hui aux jeunes des voies d’engagement : le service civique et le service national universel (SNU), le corps européen de solidarité (remplaçant le service volontaire européen), les conseils des jeunes (en France : huit au niveau régional, une quarantaine à l’échelle départementale et "un très grand nombre de conseils municipaux des jeunes"), le dialogue structuré européen et les parlements européens des jeunes… Sont également citées plusieurs démarches de villes (Nantes, Milan, Besançon) consistant à associer des enfants, notamment dans le cadre de l’aménagement de cours d’école et de jardins publics. On pourrait citer également des démarches locales qui s’adressent aux jeunes comme au reste de la population, telles que "l’Heure civique" promue récemment par Dominique Faure comme "réserve territoriale citoyenne" (voir notre article) et la journée citoyenne qui vient de mobiliser quelque 1.500 communes pour sa seizième édition.    

Décider ensemble met par ailleurs en avant la campagne Eurhope, portée par JEF Europe et Make.org, en lien notamment avec des villes, des régions et la Caisse des Dépôts, et ayant "rassemblé plus d’un 1,5 million de votes et plus de 5.000 propositions de jeunes Européens des 27 pays de l’UE". Selon les organisateurs de cette campagne, mobiliser les jeunes sur l’Europe "n’est pas mission impossible" : "Dans la rue, ou lors de séances non-formelles d’éducation civique, c’est le besoin d'information qui se fait sentir et non le manque d’intérêt."