L’intercommunalité, le bon maillon pour des "politiques jeunesse intégrées" ?

C’est ce que défendent Intercommunalités de France et l’Anacej, dans une étude qui se penche sur les politiques de jeunesse et la participation des jeunes dans huit intercommunalités. A l’heure des restrictions budgétaires et des tensions de recrutement, la mutualisation est aussi présentée comme un gage d’équité et d’attractivité pour le territoire. 

 

Intercommunalités de France et l’Anacej (Association nationale des conseils d’enfants et de jeunes) viennent de rendre publics les résultats d’une enquête sur la façon dont les intercommunalités appréhendent les politiques de jeunesse. Il est rappelé que 25% des intercommunalités sont compétentes en matière scolaire et que 50% le sont dans le champ périscolaire et le transport scolaire. Parallèlement à leur investissement dans le champ social (83%), les maisons France services (52%), la petite enfance (33%), les contrats de ville (42%) ou encore les maisons de santé (18%), les intercommunalités ont souvent une action visant à "garantir une continuité et complémentarité des différents temps éducatifs : équipements culturels et sportifs (90%) ; activités culturelles, dont écoles de musique et lecture publique (71%) ; activités sportives (45%), aide à la parentalité...".

Selon l’étude, ces interventions répondent à la nécessité de développer des "solidarités et [des] dynamiques de mutualisation à l’échelle du bassin de vie", mais également à un enjeu d’attractivité du territoire. Les contraintes budgétaires et les difficultés de recrutement plaident pour cette mutualisation. La communauté de communes Côte Ouest Centre Manche s’efforce ainsi de développer cette approche collective, par exemple en matière de formation du personnel, "afin de capter un vivier d'agents qui bénéficie à l'ensemble des structures jeunesse", explique Karine Guesnon, responsable du service enfance jeunesse parentalité. 

Un projet ou une convention multipartite pour une approche intégrée

L’intercommunalité peut ainsi "constituer le maillon de la coordination, de la transversalité, nécessaire à la réalisation de politiques jeunesse intégrées", selon Intercommunalités de France et l’Anacej, qui mettent en avant les politiques de huit intercommunalités (1). La communauté d’agglomération du Libournais coopère par exemple "avec l’ensemble des acteurs jeunesse (collèges et lycées, réseau santé jeunes, missions locales, associations de prévention...)" et s’attache à "développer une appartenance des jeunes au territoire et une appropriation des services proposés". Ces derniers sont nombreux : un bureau d’information jeunesse, sept espaces jeunes animés par 18 agents, un espace jeunes digital, des séjours, des activités de loisirs et des aides aux projets. 

Différents "niveaux d’intervention" des intercommunalités en direction des jeunes sont mis en avant : "la sensibilisation et l’information des jeunes sur leurs droits, leur santé, les dispositifs spécifiques qui leur sont dédiés" ; les "dispositifs de soutien aux mobilités géographique et sociale" (politiques tarifaires sur les transports ou encore accompagnement financier pour faciliter les études supérieures) ; l’action en faveur de l’insertion professionnelle, notamment en lien avec les missions locales. 

"L’ensemble des dispositifs, notamment ceux de soutien aux projets des jeunes, peuvent être intégrés au sein d’un projet ou d’une convention multipartite", indiquent les auteurs. Pour cela, les intercommunalités de l’étude sont passées par un projet éducatif territorial (PEDT), une convention territoriale globale (CTG, voir le retour d’expérience concernant la communauté de communes de l’Orée de la Brie) ou le programme d’investissement d’avenir (PIA). La communauté d’agglomération de Saint-Brieuc Armor a bénéficié du PIA entre 2015 et 2023, ce qui a permis "le financement d’actions innovantes, structurantes et ambitieuses pour répondre aux problèmes rencontrés par les jeunes". 

Politique jeunesse et participation des jeunes : une culture à développer 

L’accent est mis dans l’étude sur trois "étapes" jugées nécessaires à la mise en place d’une politique de jeunesse intégrée : le diagnostic – en impliquant les habitants et en particulier les jeunes, les différents services de l’intercommunalité et un vaste réseau de partenaires -, la mise en place d’une "ingénierie dédiée" et l’animation de dynamiques partenariales. Il est conseillé d’investir les conférences des maires, "pour acculturer l’échelle municipale", et de "désigner un vice-président aux jeunesses, entouré d’une commission dédiée aux politiques de jeunesse et rassemblant élus municipaux et communautaires". 

Toute une partie de l’étude est dédiée à "l’engagement des jeunes", le cœur de métier de l’Anacej, avec une analyse des freins les plus souvent rencontrés et la présentation de solutions. Les modalités de participation des jeunes peuvent être variées (implication sur un projet, consultation, instance dédiée type conseil intercommunal des jeunes, représentation des jeunes au sein d’instances telles que le comité de pilotage du PIA à la CA de Saint-Brieuc Armor…). Quels que soient la forme et l’objet de ces démarches, c’est la "culture de la participation" qu’il convient de développer, via des formations par exemple, pour encourager les élus à "adapter [leur] posture" et à "faire une place aux jeunes, dans toutes les dimensions de la vie publique". 

  1. Il s’agit de : la communauté d’agglomération de Saint-Brieuc Armor (Côtes-d’Armor), la communauté d’agglomération de Morlaix (Finistère), la communauté d’agglomération du Libournais (Gironde), la communauté de communes Côte Ouest Centre Manche (Manche), la communauté de communes Coutance Mer et Bocage (Manche), la communauté urbaine de Dunkerque (Nord), la communauté de communes de la Vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques), la communauté de communes du Pays Mornantais (Rhône).  

 

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