Ouverture à la concurrence des TER : la SNCF remporte le premier appel d'offres des Hauts-de-France
Les Hauts-de-France ont décidé à l'issue d'un appel d'offres de confier à la SNCF l'exploitation des trains régionaux de la région d'Amiens, malgré les tensions répétées avec la compagnie ferroviaire sur des retards et des suppressions de TER, a annoncé la Région à l'AFP ce 1er mars. "Quand la SNCF veut, la SNCF peut!", s'est félicité le patron LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, soulignant que l'entreprise s'engageait "à faire mieux avec les mêmes moyens". "Le choix n'a pas été difficile entre les deux candidats", SNCF Voyageurs et l'opérateur Transdev (filiale de la Caisse des dépôts), a précisé une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du site spécialisé Mobilettre.
L'appel d'offres sur ce lot, l'"étoile d'Amiens", qui représente 17% des TER des Hauts-de-France, a été lancé à l'été 2020. Le contrat débutera fin 2024, pour neuf ans. Il doit encore être approuvé par le conseil régional. Selon la source proche du dossier, SNCF Voyageurs s'est entre autres engagée à un objectif de régularité de 98,5% et à une augmentation de l'offre de 9,5%. Les pénalités seront multipliées par 4 et la Région pourra résilier le contrat en cas de faute sans verser d'indemnités.
"Nous accueillons cette annonce avec enthousiasme mais aussi avec humilité. Toutes les équipes SNCF Voyageurs sont entièrement mobilisées pour être à la hauteur des attentes de la Région Hauts-de-France", a réagi le PDG de la compagnie, Christophe Fanichet. Les dysfonctionnements du réseau TER sont au centre d'un bras de fer récurrent entre Xavier Bertrand, qui dénonce notamment un important manque de conducteurs, et la SNCF. Les Hauts-de-France ont même suspendu un temps les paiements dus à l'exploitant (lire notre article). La SNCF a d'ailleurs annoncé lundi la nomination d'un nouveau directeur chargé d'un "programme de redressement de la performance" dans la région, Bertrand Gosselin, ancien directeur général de la compagnie franco-belge Thalys. "Nous, ce qu'on attend, c'est des actes", a-t-on réagi dans l'entourage de Xavier Bertrand. "A l'heure actuelle, il manque toujours 60 conducteurs dans la région et on a 100 trains supprimés par jour."
Le droit européen impose à partir de décembre 2023 une mise en concurrence du trafic ferroviaire pour toutes les régions, d'où des appels d'offres lancés pour attribuer progressivement des "lots" de lignes locales à de nouveaux exploitants (la SNCF pouvant parfaitement l'emporter, comme à Amiens). Les deux premiers appels d'offres dans les TER, en Paca, ont jusqu'à présent vu, fin 2021, la victoire de Transdev pour l'exploitation de la ligne ferroviaire Marseille-Nice, tandis que SNCF Voyageurs a remporté les lignes autour de Nice.
Les opérateurs attendent maintenant les résultats d'appels d'offres dans les Pays de la Loire pour des lignes autour de Nantes et en Ile-de-France pour les trams-trains T4 et T11. L'Etat a également ouvert à la concurrence les Intercités Nantes-Lyon et Nantes-Bordeaux. Dans les Hauts-de-France, l'exécutif régional prévoit maintenant d'ouvrir à la concurrence les radiales TER menant à Paris, l'étoile de Saint-Pol-sur-Ternoise dans le Pas-de-Calais et les TER à grande vitesse.