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Politique de la ville - Où en est le plan Espoir Banlieues ?

Le plan Espoir Banlieues devait être chiffré "à la rentrée". C'est ce qu'avait annoncé Fadela Amara, secrétaire d'Etat en charge de la politique de la ville, au début du mois de juillet. Mais depuis, il est difficile de connaître l'état d'avancement de ce plan lancé en grande pompe par le chef de l'Etat lui-même en février 2008. Rien n'a filtré de la réunion de jeudi dernier entre Nicolas Sarkozy et Fadela Amara. Ce plan devait rompre avec trente ans de politique de la ville, en s'appuyant sur des mesures tous azimuts dans le domaine de l'éducation, de l'emploi, de la sécurité, de la rénovation urbaine et du désenclavement des quartiers. Mesure phare de ce plan, les contrats d'autonomie peinent à décoller. Au 31 août 2009, 9.325 contrats de ce type avaient été signés pour l'année 2009, contre un objectif de 18.000 sur toute l'année. Et les taux de sorties positives de ces contrats sont très modestes : 7% en moyenne, et entre 1 et 4% seulement pour certains départements comme la Seine-Saint-Denis, le Val-d'Oise, les Yvelines ou le Pas-de-Calais. Autre donnée du plan : les délégués des préfets. Leur mise en place est prévue par le plan Banlieues pour faciliter le dialogue avec les jeunes et renforcer la présence de l'Etat dans les quartiers. 350 délégués devaient être ainsi nommés au mois de juin 2009. Pour le moment, 280 délégués ont été réellement désignés, indique-t-on au secrétariat de Fadela Amara. De maigres avancées pour un plan qui globalement patine, comme l'avait souligné en juin dernier Henri Guaino, conseiller spécial de l'Elysée, regrettant que le plan n'ait pas abouti et signalant qu'il était "très difficile de faire bouger tous les conservatismes, tout l'appareil d'Etat". Sur le terrain, la perception du plan Espoir Banlieues n'est pas meilleure. "Cela relève plus de la communication, explique Gilbert Roger, maire de Bondy (Seine-Saint-Denis). Le plan s'est fait dans les cabinets ministériels, sans les élus, ni les partenaires locaux, c'était une erreur de stratégie." Sur son département, les fameux contrats d'autonomie ont touché moins de 6% des jeunes. "Il n'y a pas de dynamique créée par ce plan, assure le maire, il s'agit plus pour le gouvernement de montrer qu'il se passe quelque chose, comme le blog, lancé aujourd'hui par Carla Bruni-Sarkozy." L'épouse du président de la République vient en effet de lancer un site internet qui met en avant la fondation qu'elle a récemment créée et dont les fonds doivent servir à faciliter l'accès aux grandes écoles, à travers la création de bourses pour les jeunes issus des quartiers difficiles.

Emilie Zapalski