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Conférence des villes - Nouveau plan de lutte contre la radicalisation : quelle place accordée aux maires ?

Un des axes forts de ce plan annoncé par le président de la République le 5 septembre "sera l’implication et la mobilisation des élus", a assuré la secrétaire générale du CIPDR lors de la Conférence des villes, le 20 septembre. Mais pour les maires de grandes villes, "il n"y a plus de place à l'improvisation". Ils demandent à l'Etat de leur "faire confiance".

Le "plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme" annoncé par le président de la République devant les préfets le 5 septembre se fera avec les élus. "Un des axes essentiels sera l’implication et la mobilisation des élus", a en effet assuré celle qui est chargée de son élaboration, la secrétaire générale du Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Muriel Domenach, le 20 septembre, devant les élus de France urbaine. Il faut "partir de ce qui fonctionne", "de ce qui est recommandé par les élus", a-t-elle insisté lors d'une table ronde sur la sécurité organisée dans le cadre de la Conférence des villes (voir aussi notre article du 21 septembre 2017 sur la police de sécurité du quotidien).
Dans sa feuille de route du 5 février, adressée aux préfets, le ministre de l’Intérieur indiquait que le plan serait présenté lors d’un comité interministériel à l’automne 2017. A travers ce plan, le gouvernement veut promouvoir et généraliser "les initiatives locales concluantes de partage d’informations entre acteurs de la chaîne de prévention". Il souhaite aussi proposer des "solutions pertinentes de prise en charge" que ce soit pour les adultes, les mineurs, les personnes isolées, les familles ou encore les personnes sous main de justice.

"On s'est trop concentré sur le centre de Pontourny"

Or Muriel Domenach pour qui la radicalisation crée des "angoisses excessives" (sic) a regretté à cet égard la trop grande attention accordée au centre de Pontourny (Indre-et-Loire) inauguré en septembre 2016 et fermé cet été à la suite de nombreux couacs. "1.600 jeunes étaient pris en charge à travers l’ensemble des dispositifs à l’époque, aujourd’hui ce sont 2.700 jeunes et 1.000 familles accompagnés (…) On s’est trop concentré sur ce centre alors que parallèlement montait en puissance un dispositif de prise en charge à travers l’ensemble du territoire", a-t-elle déploré, saluant ainsi le travail des autres acteurs engagés dans ce suivi (éducateurs, associations, psychologues...). Seulement voilà, ce centre expérimental, qui reposait sur le volontariat, avait été montré en exemple par le gouvernement de Manuel Valls qui souhaitait le généraliser à l’ensemble des régions. "La menace est telle qu’il n’y a pas de place à l’improvisation", a tancé Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne et président de Saint-Etienne Métropole. "L’Etat agit en soubresauts en fonction de l’actualité." L’élu a aussi rappelé qu’une convention avait été signée le 5 juillet 2017 pour renforcer la coopération des élus de grandes villes et agglomérations dans la lutte contre les dérives radicales, notamment en matière de formation. Convention qui, selon lui, "n’a pas été suivie d’effets".

"Il faut que l’Etat nous fasse davantage confiance"

Au-delà de la prise en charge des personnes radicalisées, les élus de France urbaine demandent à l’Etat, dans un manifeste, de "créer les conditions d’un dialogue permanent entre l’Etat, les préfectures et les maires en facilitant les échanges d’informations". A ce titre, le plan d’action du gouvernement suscite beaucoup d’attentes. "Les axes de France urbaine nous vont", a déclaré Muriel Domenach, rappelant que "les CLSPD permettent l’échange d’information". "Il faut que l’Etat nous fasse davantage confiance", a cependant demandé Gaël Perdriau, relayé par François Rebsamen. "Nous voulons une meilleure considération", a insisté le maire de Dijon et président de Dijon Métropole. "La lutte contre le terrorisme est une compétence régalienne, ce qui n’empêche pas d’avoir un minimum d’information sur ce qui se passe sur le territoire de la commune (…) Nous n’avons pas de retour sur les indications que l’on a données." Les maires de grandes villes demandent aussi de pérenniser les crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD) qui permettent notamment de financer des travaux de sécurisation d’écoles ou de sites sensibles. Là encore, Gaël Perdriau a pointé l’inaction de l’Etat et indiqué qu’il attentait "toujours la participation promise par l’Etat" l’an dernier pour sécuriser les écoles. Le maire de Dijon a pour sa part fait remarquer que les blocs de béton installés pour sécuriser la population depuis l’attentat de Nice sont à la charge des communes… Il a aussi appelé à ne pas baisser la garde sur l’insécurité du quotidien. "Je n’accepte pas qu’on puisse banaliser les incendies de voiture, les occupations de halls d’immeubles et les incivilités. Cela provoque l’exaspération de la population et fait monter le Front national. Il nous faut rétablir l’ordre républicain."