Radicalisation : un nouveau plan national "d'ici la fin de l'année"
Un plan national de prévention de la radicalisation sera "arrêté à l'occasion d'un comité interministériel d'ici la fin de l'année", a annoncé le président de la République Emmanuel Macron, lors d’un discours aux préfets, le 5 septembre. Ce plan sera "inspiré de plans d'actions établis par les préfets qui dans les départements sont confrontés à des processus de radicalisation qui gangrènent certains territoires".
"Je souhaite que, pour chacun des territoires identifiés comme sensibles, vous puissiez conduire ce travail très fin et très précis avec un plan d'action spécifique", a expliqué le président en citant l'exemple du plan réalisé à Trappes (Yvelines).
Fin juillet, le ministre de l’Intérieur avait annoncé qu’un tel comité interministériel serait prochainement organisé par le Premier ministre, notamment pour tirer les leçons des échecs de la politique de prévention de la radicalisation menée jusqu’alors. En effet, un précédent plan avait été lancé le 9 mai 2016 par Manuel Valls. Il prévoyait notamment la création d’un centre de réinsertion et de citoyenneté dans chaque région d’ici fin 2017. Le premier de ces centres avait été inauguré le 1er septembre 2016 à Beaumont-en-Véron (Indre-et-Loire). Mais ce dernier, qui reposait sur le volontariat, s’était soldé par un fiasco ayant conduit le gouvernement à mettre un terme à l'expérimentation. La secrétaire générale du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), Muriel Domenach, a été chargée de faire des propositions en vue de ce comité. Emmanuel Macron a précisé que le plan comprendrait "l'expérimentation d'un centre de personnes radicalisées sous main de justice. Il a annoncé des propositions d'ici la fin de l'année pour les mineurs qui reviennent des zones de combat en Syrie et en Irak. Ces mineurs "ne peuvent pas continuer à relever de la prise en charge de droit commun dans le cadre de l'aide sociale à l'enfance".
Dans son discours, le président a abordé de nombreux thèmes comme les finances, le logement (voir ci-contre notre article de ce jour) et l’accueil des migrants. Le projet de loi visant une "refondation complète de notre politique d'asile et d'immigration" devrait être adopté au "premier semestre 2018, a-t-il assuré à cet égard. Ce texte a pour objectif de rapprocher les modèles français et allemand. "Nous avons des défis communs. Rapprochons nos droits, soyons plus efficaces", a-t-il dit.
Le projet de loi piloté par le ministère de l'Intérieur comportera "plusieurs dispositions pour permettre d'améliorer les retours vers les pays d'origine", comme le font "nos voisins, en particulier l'Allemagne", a-t-il poursuivi. "Un ambassadeur sera nommé dès demain en Conseil des ministres" pour "accélérer la délivrance des laissez-passer consulaires avec les pays récalcitrants" à accepter le retour de leurs ressortissants et "assurer le suivi et le développement d'accords bilatéraux migratoires", a ajouté Emmanuel Macron. "Nous reconduisons beaucoup trop peu", a-t-il martelé, et nous "laissons s'installer des centaines de milliers" de personnes dans un "no man's land administratif".
Le député REM du Val-d'Oise Aurélien Taché, ancien conseiller d'Emmanuelle Cosse sur les questions migratoires, sera de son côté chargé d'une mission sur la refonte de la politique d'intégration "qui devra privilégier l'apprentissage du français", a-t-il annoncé. Réitérant sa promesse de ramener à six mois le délai de traitement des demandes d'asile, il a plaidé pour une "réorganisation en profondeur" du dispositif en demandant aux préfets "d'organiser des déplacements des membres des préfectures, de l'Ofii (Office français de l'immigration et de l'intégration), de l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides), dans les centres d'hébergement".
Reconnaissant que ce serait "un changement profond", il a souligné qu'il s'agissait d'"inverser la logique" actuelle, avec des "adaptations" probables notamment du côté des associations, très attachées à la distinction entre hébergement et vérification de la situation administrative. En ce qui concerne les mineurs isolés étrangers, dont le nombre est passé "de 4.000 en 2012 à 16.000 en 2016", le président a demandé au gouvernement des propositions "d'ici la fin de l'année" pour "revoir complètement la question de l'accueil et l'accompagnement" des ces jeunes, qui n'est "pas satisfaisante" selon lui et représente "une charge croissante" pour les départements.