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Etats généraux de l'alimentation - La loi de modernisation de l'économie dans le viseur de la FNSEA

Encadrer les promotions et fixer un seuil de ventes à perte : ce sont deux des propositions défendues par la FNSEA dans le cadre des états généraux de l'alimentation. Le syndicat agricole s'en prend vivement à la loi de modernisation de l'économie de 2008 qui régit les relations entre fournisseurs et distributeurs.

"Nous attendons des décisions très concrètes à l’issue du premier chantier" des états généraux et de l’alimentation et le président de la République "fera des annonces les 10, 11 ou 12 octobre", a annoncé la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, lors de sa conférence de presse de rentrée, le 5 septembre.
Les états généraux de l’alimentation, dont les travaux ont démarré la semaine dernière, se déroulent en deux chantiers : l’un se terminant fin septembre, vise à permettre aux agriculteurs "de vivre dignement de leur travail par le paiement de prix justes" ; le second, d’octobre à novembre, cherchera à "assurer la pleine prise en compte par l'agriculture des enjeux sociaux, sanitaires et environnementaux". En tout, quatorze ateliers seront organisés. Christiane Lambert a indiqué que la FNSEA serait représentée dans chaque atelier, avec trois membres dans cinq d’entre eux.

"La promotion oui, le bradage non"

Le premier syndicat agricole réclame en particulier des ajustements à la loi de modernisation de l’économie (LME) de 2008 qui régit les négociations commerciales entre les distributeurs (via les centrales d’achat) et les fournisseurs. Christiane Lambert a fixé deux priorités : l’encadrement des promotions et la fixation de seuils de ventes à perte. Pratiques qui, selon elles, ont abouti à "une forte destruction de valeur depuis quatre ans". "La promotion oui, le bradage non", a-t-elle martelé.
L’un de ses bras droits Patrick Benezit, éleveur dans le Cantal, a pour sa part dénoncé "le dogme des prix bas". "C’est ce dogme qu’il faut casser", a-t-il assené, rappelant que sur 100 euros de dépenses alimentaires, seuls 6,20 euros reviennent au producteur. Pour l’occasion, la FNSEA a fourni une liste de produits de consommation courante. Pour une bouteille de lait à 0,77 euro, 0,24 revient aux éleveurs ; pour un kilo de pommes à 1,79 euros, c’est 0,30, pour une baguette à 0,90, c’est 0,046…

Un grand rassemblement en octobre

Alors que la présidence de l’atelier sur la fixation des prix a été confiée au directeur général de Danone et au PDG de Super U, Christiane Lambert a refusé d’entrer dans une confrontation. "La FNSEA passe d’adversaire à partenaire, c’est une conviction", a-t-elle-même souligné. "Même ceux qui gagnaient de l’argent avant n’en gagnent plus", a-t-elle ajouté en référence à un diagnostic réalisé par la FNSEA et plusieurs de ses partenaires comme l’Ania (industrie alimentaire) et la FCD (Fédération du commerce et de la distribution) à l’occasion de la journée de lancement des états généraux le 20 juillet dernier. Selon ce diagnostic en effet, "l’industrie alimentaire connaît une diminution importante de ses marges depuis 2008, atteignant le niveau le plus bas depuis 1974" alors que "le taux de marge nette après IS de la grande distribution sur les rayons frais était de 0,8% en 2015".
Christiane Lambert pense que "la loi ne réglera pas tout" et qu'il s'agit aussi d'améliorer "les relations entre les acteurs". Elle a expliqué ainsi avoir reçu récemment Michel-Edouard Leclerc et avoir "tout mis sur la table". Elle attend également une évolution du droit de la concurrence au niveau européen.
Avant l’intervention d’Emmanuel Macron en octobre, la FNSEA organisera à Paris un "grand rassemblement" autant pour débattre des propositions du premier chantier que pour "tisser davantage de liens avec les Parisiens".
Récemment, le ministre de l'Agriculture et de l’Alimentation, Stéphane Travert, avait indiqué qu’il n’excluait pas d'ajuster la loi de modernisation de l'économie.