Archives

Services mobiles - Mobile sans contact : les villes mutualisent leurs projets d'applications et de services

"Le marché français du mobile sans contact n'a pas encore vraiment décollé, mais les acteurs publics et industriels français s'y préparent activement." Ce constat d'un professionnel reflète assez bien la tonalité du forum "Les territoires NFC, propulseurs de services mobiles sans contact" qui se déroulait le 21 mars à Paris. Organisé pour présenter un point d'étape sur le déploiement de cette technologie en France, il confirme l'effervescence industrielle, des démarches vertueuses au niveau des collectivités territoriales mais aussi une progression qui ne suit pas vraiment le rythme sur le versant des services et des usages.
Désormais, tous les constructeurs (à l'exception d'Apple) proposent des terminaux intégrant une puce NFC (Near Field Communication ou "sans contact") sur leurs smartphones (haut de gamme et moyen de gamme), ce qui représente trois quarts des terminaux achetés par les Français aujourd'hui.  500.000 terminaux équipés ont déjà été vendus. Et les industriels français emmenés par Inside Secure, Gemalto, Oberthur et Cassis International occupent une position de leaders à l'échelle mondiale. Ces sociétés engrangent d'importants contrats dans les pays asiatiques et aux Etats-Unis, et les innovations technologiques introduites pourraient donner l'impulsion dont ce marché a besoin.
Rémy de Tonnac, PDG de Inside Secure, a annoncé la commercialisation au troisième trimestre 2012 d'une solution NFC tenant entièrement sur une carte SIM (les cartes à puces des téléphones mobiles), capable de fonctionner dans un portable non NFC. Une évolution qui selon ses indications offre des perspectives inédites de diffusion : "Nous discutons avec le Stif [Syndicat des transports d'Ile-de-France], la RATP et la SNCF de la possibilité d'introduire le pass Navigo dans les cartes SIM. Cela permettrait à 6 millions d'usagers d'utiliser leur téléphone comme titre de transport et à l'écosystème des PME de développer de nouvelles applications sur ce support", a-t-il indiqué. Un tel transfert ouvrirait largement les portes du marché : "Comme en Asie, la production en volume fera décoller l'industrie. Les transports collectifs représentent le principal vecteur y compris dans le domaine des services avec le déploiement de la billettique."

Deux projets de mutualisation à vocation nationale

Le développement d'autres applications et services seront nécessaires pour compléter la panoplie de l'utilisateur du mobile NFC nouvelle génération. La pression est désormais sur les collectivités territoriales dont le rôle sera déterminant pour développer des applications de la vie quotidienne : dans les transports collectifs et aussi la culture, le patrimoine, l'éducation et la vie universitaire, les loisirs et la sphère des services administratifs de proximité. Trois collectivités (Caen, Strasbourg et Marseille) ont présenté leur politique. Elles n'ont pas dévoilé de nouveautés, mais les agendas de déploiement ont été précisés. Caen, Strasbourg et peut-être plusieurs autres villes lanceront simultanément en 2013 une consultation pour lancer la billettique et les premiers services avec lesquels elle pourra être utilisée. Ce mode de travail en commun commence à créer une dynamique de projet en arrière-plan de plusieurs gros chantiers. Les échanges d'expériences, de bonnes pratiques et de cahiers des charges se multiplient entre villes à travers des groupes de travail formels ou informels, et quelques projets de mutualisation émergent afin d'éviter la reproduction de solutions morcelées, coûteuses en développement et qui compliquent la vie des citoyens.
Ainsi, l'Agence française pour l'information multimodale et la billettique (AFIMB) développe un système mutualisé de billettique interopérable. Il prévoit la diffusion d'une application ouvrant aux usagers l'accès aux services de transports collectifs locaux pour leurs déplacements occasionnels. La définition de standards communs garantissant l'interopérabilité des systèmes utilisés par les autorités organisatrices de transport (AOT) est en cours. Le dispositif donnera accès à l'ensemble de la gamme des applications locales (achat de titre, validation, système d'information). Dès la mi-2012, un ensemble d'outils et de modules sera proposé aux maîtres d'ouvrage. Quant à l'application fédératrice, elle devrait être disponible à la mi-2013 et pourrait même être installée sur le mobile des usagers.
Un deuxième projet à vocation nationale autour du référentiel Easymove (lire notre article du 3 janvier 2012) a pour ambition de réaliser des applications et des services de la vie quotidienne communs. Ils seraient téléchargeables à partir d'une plateforme nationale. Trois collectivités - les agglomérations de Caen-la-Mer et de Toulon-Provence-Méditerranée et le département de la Manche - portent ce projet, en relation avec le pôle de compétitivité TES (Transactions électroniques sécurisées).  Une dizaine de villes pourraient se joindre à cette démarche.

La dotation de l'appel à projets passe de 20 à 25 millions d'euros

Pour réaliser ces nouvelles ambitions, les collectivités locales et leurs partenaires ont besoin de soutien et d'un agenda permettant d'accélérer les processus. L'appel à projets lancé en 2011 dans le cadre des investissements d'avenir va jouer un rôle déterminant. Eric Besson, ministre de l'Industrie et de l'Economie numérique, qui intervenait en clôture du forum, a annoncé qu'il relevait les montants alloués aux 17 projets présélectionnés en décembre 2011. Les aides passeront en effet de 20 à 25 millions, notamment pour financer les deux projets de mutualisation. Le ministre a par ailleurs communiqué la liste des premières entités publiques bénéficiaires de la dotation. Elle comprend huit villes et communautés avec Bordeaux, Caen, Grenoble, Marseille, Mulhouse, Strabourg, Toulon et Toulouse, ainsi que le comité régional du tourisme d'Ile-de-France. L'aide totale attribuée s'élève à 14,2 millions d'euros qui, avec les financements publics locaux, portera l'effort global à 46,3 millions d'euros. Le volume des aides allouées aux projets de Manche numérique et de Nice sera communiqué dans les prochains jours. Quant aux six projets restants, qui concernent Besançon, Dijon, Lille, Reims, Rennes et le Stif, leur instruction se poursuit.
C'est confirmé, la phase de déploiement et de montée en gamme est entrée dans un processus de forte croissance. Mais "pas assez rapidement" au goût de certains qui voient l'Asie et les Etats-Unis accélérer sur ce marché. Les plus pessimistes mettent en garde aussi sur les discours lénifiants qui rappellent en boucle les performances françaises. Les atouts sont réels, la motivation est également à son plus haut niveau. Mais certains pays se révèlent de redoutables compétiteurs, comme la Corée du Sud ou le Japon. Aussi, il convient de ne pas s'endormir sur ses lauriers car seuls les usages, les services et l'appropriation par les usagers compteront dans la compétition.

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis