Logement - Mise aux normes des ascenseurs : coûteuse, mais efficace

La Fédération des ascenseurs a tenu, le 2 avril 2012, sa conférence de presse annuelle. A cette occasion, l'association a présenté un bilan économique du secteur, dont l'activité est très fortement marquée - depuis près d'une décennie - par les obligations légales et réglementaires de rénovation des ascenseurs. Un point qui prend un relief particulier, alors qu'il reste seulement quinze mois avant l'échéance (juillet 2013) de la deuxième phase de rénovation des ascenseurs prévue par la loi du 2 juillet 2003 Urbanisme et Habitat. L'enjeu est de taille puisque - comme la fédération prend soin de le rappeler - l'ascenseur est le moyen de transport le plus utilisé, avec 100 millions de trajets par jour en France pour 530.000 ascenseurs installés dont 490.000 accessibles aux personnes.
Le bilan dressé par les ascensoristes est mitigé. Côté positif, la mise aux normes a incontestablement amélioré la sécurité, avec une réduction des accidents, annoncée par la fédération, de 50%. De 35 entre 2000 et 2006, le nombre d'accidents graves et mortels d'usagers est en effet passé à 11 entre 2006 et 2011 (ce qui fait au demeurant plutôt une réduction de près de 70%). Les accidents d'une moindre gravité ont, pour leur part, reculé de 48% sur la même période. Aujourd'hui, la grande majorité des accidents est liée à trois causes principales : les chutes dues à un défaut de précision de l'arrêt (41%), les chocs lors de la fermeture de la porte de la cabine (27%) et les arrêts brusques en cabine (12%).

Des commandes de mise aux normes "au point mort"

Malgré ces bons résultats, la fédération se dit inquiète. L'état d'avancement global de la loi de 2003 n'est, à ce jour, que de 58%. Ce résultat d'ensemble est cependant jugé "correct". Il correspond en effet à 92% de réalisation sur la première phase (dont l'échéance est finalement advenue en décembre 2010, au lieu de la date initialement prévue de juillet 2008), 52% sur la deuxième tranche et déjà 18,5% sur la troisième (échéance en juillet 2018). Mais les ascensoristes constatent aujourd'hui que les commandes sont "au point mort". Selon la fédération, "depuis six mois, la profession enregistre un ralentissement très net et préoccupant des commandes pour la suite des travaux de la loi [...], à 16 mois de l’échéance de la deuxième tranche de travaux prévue en juillet 2013. De même, les contrôleurs constatent une demande limitée de la réalisation des contrôles techniques". D'où une interrogation sur les raisons de ce qui apparaît comme un brutal coup d'arrêt : "période électorale et/ou attentisme dû à la crise, les propriétaires sont en stand by". Une autre explication - présente en filigrane dans les explications de la fédération - est que certains propriétaires escomptent un nouveau report de la date d'échéance de la deuxième phase, comme cela s'est déjà produit pour la première phase (voir nos articles ci-contre).
Il est vrai que si les travaux de mise aux normes sont efficaces, ils représentent aussi une charge importante. Soucieuse de présenter "les coûts sans tabou" - et de répondre aux critiques des propriétaires sur la rente de situation créée par l'obligation de rénovation -, la Fédération des ascenseurs indique que les travaux de mise aux normes ont représenté une dépense de 4,9 milliards d'euros entre 2003 et 2011. Selon elle, le prix moyen par ascenseur tend même à se réduire. Il serait ainsi passé d'environ 24.000 euros en 2006 à environ 18.000 euros l'an dernier. Une baisse qui s'explique par le jeu de la concurrence, mais aussi et surtout par le fait que si les premiers propriétaires à se lancer ont souvent engagé plusieurs tranches à la fois, les retardataires ont plutôt tendance à se limiter au strict nécessaire.