Asile - Migrants : le Royaume-Uni va financer une partie des dépenses de prise en charge à Calais
Le 20 septembre, la France et le Royaume-Uni ont signé, par l'intermédiaire de leur ministre de l'Intérieur respectif, une déclaration conjointe sur la situation des migrants à Calais en attente d'un passage clandestin vers les ports anglais et sur la participation du gouvernement britannique à la prise en charge de cette crise. Bernard Cazeneuve avait annoncé la négociation d'un tel accord, lorsqu'il avait longuement reçu la sénatrice-maire (UMP) de Calais, accompagnée du préfet du Pas-de-Calais, le 2 septembre dernier (voir notre article du 4 septembre 2014).
Trois semaines de négociation
Il n'a finalement fallu que trois semaines pour faire aboutir ces négociations, auxquelles les autorités britanniques se refusaient depuis plusieurs années, malgré des demandes réitérées. Dans son communiqué, Bernard Cazeneuve considère, à juste titre, que cet accord "constitue une avancée très importante, qui permettra de contribuer à dénouer la crise que connaît la question migratoire à Calais depuis plusieurs années. Le Royaume-Uni reconnaît en effet qu'il est responsable avec la France des mesures urgentes et de long terme qui doivent être mises en place face à cette situation. Cette reconnaissance permet d'appliquer l'accord du Touquet dans un esprit de responsabilité partagée".
Si le dénouement de la crise à Calais n'est pas vraiment garanti - l'appétence des migrants pour la Grande-Bretagne demeurant intacte malgré les propositions de l'Ofpra de déposer une demande d'asile en France -, il est vrai qu'il s'agit sans doute du premier accord de ce type en Europe. Un résultat d'autant plus à souligner que le Royaume-Uni n'est pas membre de l'espace Schengen.
Un financement britannique de 15 millions d'euros
L'accord aura également des conséquences très pratiques. Il prévoit ainsi la création d'un fonds commun, alimenté par une contribution britannique de cinq millions d'euros par an pendant trois ans, soit quinze millions d'euros au total. Ce fonds financera des actions "destinées à sécuriser le port de Calais et à protéger les personnes vulnérables".
De même, l'accord prévoit de renforcer la coopération policière entre les deux pays pour démanteler les filières de passeurs : des échanges de fonctionnaires de police seront organisés afin d'"agir contre ces réseaux criminels qui cherchent à prospérer sur la détresse humaine". Dans le même esprit, l'agencement du port sera modifié en vue d'améliorer les contrôles et de fluidifier le trafic. Enfin, "des campagnes d'information communes seront effectuées auprès des migrants pour expliquer le caractère illusoire et dangereux du passage clandestin vers le Royaume-Uni".
Dans son communiqué du 20 septembre, le ministre de l'Intérieur rappelle aussi que "cet accord n'est qu'une étape du plan global pour redresser la situation dans le Calaisis, qui comprend d'autres mesures de court, moyen et long terme". Parmi celles-ci figurent notamment - comme annoncé à l'issue de l'entretien avec la maire de Calais - la création d'un accueil de jour et le développement de l'hébergement des personnes vulnérables (entendre les femmes et les enfants), une sécurisation accrue du port ou encore un développement de l'accès des migrants à la demande d'asile en France (voir notre article du 4 septembre 2014).