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Asile - Migrants : Bernard Cazeneuve et la maire de Calais trouvent un accord sur la création d'un accueil de jour

Alors que la commission des lois de l'Assemblée nationale devrait bientôt examiner le projet de loi relatif à la réforme de l'asile, présenté au Conseil des ministres du 23 juillet (voir notre article ci-contre du même jour), Bernard Cazeneuve vient de se retirer une épine du pied. Le ministre de l'Intérieur est en effet parvenu à trouver un terrain d'entente avec Natacha Bouchart, la sénatrice-maire (UMP) de Calais, qu'il recevait place Beauvau le 2 septembre, accompagnée du préfet du Pas-de-Calais.

Pas question d'un nouveau Sangatte

Les positions de départ semblaient pourtant difficiles à concilier. Considérant sa ville incapable de faire face à l'afflux croissant de réfugiés - qui seraient aujourd'hui entre 1.200 et 1.300 à Calais et refusent de demander l'asile en France dans l'attente d'un passage vers le supposé eldorado britannique -, la maire de Calais réclamait la création d'un centre de migrants de 400 places. Une solution à laquelle elle se disait jusqu'alors opposée, mais qui, "face à l'explosion des flux", lui apparaît désormais comme "la seule manière d'évacuer leur présence trop importante en ville".
La semaine dernière, Bernard Cazeneuve avait opposé une fin de non-recevoir à cette demande, estimant qu'on ne peut pas "à la fois démanteler les filières d'immigration irrégulière et organiser les conditions pour que les trafics continuent". Une réponse dictée avant tout par la crainte de voir s'installer un nouveau Sangatte, du nom du centre fermé en 2002 et qui était devenu une plaque tournante pour les passeurs.

Un accueil de jour... avec hébergement ?

Sans céder sur son refus de créer un centre sur le modèle de Sangatte, le ministre de l'Intérieur a cependant assoupli sa position. Il accepte en effet la création d'un "accueil de jour", destiné en priorité aux femmes et aux enfants. Cette structure regrouperait et pérenniserait divers points d'accueil précaire mis en place notamment par les associations : distributions de repas, de vêtements, douches...
Sur la question délicate de l'hébergement, les deux parties n'ont pas encore tout à fait la même vision du projet. Pour le ministre de l'Intérieur, il devrait s'agir d'un accueil de jour au sens strict, sans hébergement. Pour la maire de Calais, il pourrait s'agir d'un lieu d'orientation des femmes et des enfants vers une solution d'hébergement, voire d'un lieu d'hébergement dans le cadre du plan Grand Froid.
La question pourrait se poser avec acuité s'il se confirme que le lieu retenu pour ce nouvel équipement est le centre aéré Jules Ferry, situé en périphérie de la ville et qui dispose d'importantes capacités d'accueil, mais aussi d'hébergement. Une visite conjointe de la maire et du préfet est prévue dès cette semaine pour évaluer les possibilités offertes par le bâtiment.
En termes de financement et de calendrier, tout reste à préciser, mais la ville, le département et la région pourraient intervenir aux côtés de l'Etat, en continuant de financer - sur le centre - les activités des associations qu'ils soutiennent déjà.

Les Britanniques invités à contribuer à la sécurisation du port

Sur la question du rôle des autorités britanniques dans le possible dénouement de la situation, les choses ont également avancé. Alors que la maire de Calais menaçait de bloquer le port, Bernard Cazeneuve a rencontré son homologue anglais le 29 août. Il lui a demandé de participer financièrement à la mise en sécurité du port, aux abords duquel les incidents se multiplient avec les chauffeurs routiers et les autorités portuaires. Un groupe de travail franco-britannique a été mis en place dès le 1er septembre pour travailler sur la question.
En sortant de son entretien de 1h20 avec Bernard Cazeneuve, Natacha Bouchart pouvait se montrer satisfaite, affirmant avoir "pu vraiment échanger sur la forme et sur le fond" et indiquant que "le ministre a accepté certaines de mes propositions et est prêt à en discuter d’autres".

 

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