Clusters - Michel Mercier mise sur les "grappes" pour doper le développement des territoires
"Nous répondons aux attentes des responsables locaux pour développeur leur territoire", a déclaré Michel Mercier, mardi 4 mai, lors de la présentation des 42 clusters lauréats du premier appel à projets "Grappes d'entreprises". Une idée chère au ministre de l'Espace rural et de l'Aménagement du territoire qui a décidé de consacrer 20 millions d'euros sur deux ans à ces réseaux d'entreprises. Selon lui, le très haut débit et ces rapprochements entre entreprises et acteurs du développement et de la recherche constituent deux enjeux majeurs pour "l'aménagement du territoire du XXIe siècle". Après les SPL (systèmes productifs locaux) de 1998, les pôles de compétitivité de 2005, les grappes apportent un supplément de souplesse, comme l'explique Francis Forgeard, l'administrateur de Cluster West, spécialisé dans l'agro-alimentaire. "Les pôles de compétitivité s'inscrivent dans une logique top down : le législateur imagine un principe qu'on va ensuite appliquer partout, on ne s'est pas reconnus dans cette démarche." Après avoir été refusées lors de l'appel à projets des pôles de compétitivités de 2005, les entreprises recalées ont décidé de construire ensemble leur propre réseau. Aujourd'hui, Cluster West regroupe quelque 170 entreprises, essentiellement des PME (producteurs, transformateurs et distributeurs), sur quatre régions : Basse-Normandie, Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes. En trois ans, le cluster, qui se donne pour devise "De la fourche à la fourchette", a déjà lancé 70 projets pour un montant évalué entre 50 et 100 millions d'euros en valeur ajoutée. Avec 120 correspondants présents dans 52 pays, le cluster s'ouvre aujourd'hui à de nouveaux marchés. L'intérêt de se regrouper ne réside pas seulement là : le cluster se targue ainsi d'être à l'initiative de la décision annoncée par le président de la République, vendredi dernier, de faire passer d'ici l'été de 40 à 44 tonnes la capacité maximale des camions pour le transport de marchandises agricoles et agroalimentaire. "Cela va redonner de la compétitivité à l'ensemble de la filière", se félicite Francis Forgeard…
Fort ancrage territorial
Les 42 grappes sélectionnées bénéficieront de l'appui d'un comité régional de coordination mis en place par le préfet de région et réunissant Oséo, la Caisse des Dépôts, la région et les autres collectivités concernées. Ce comité sera chargé d'élaborer un plan de financement précis des projets portés par les grappes, a précisé le ministre. La participation de l'Etat représentera 30% de l'ensemble des financements apportés.
Sur les projets retenus lors de cette première sélection, les deux tiers sont issus de l'industrie : mécanique, agro-alimentaire, emballage, santé. 17% sont positionnés sur le secteur de l'environnement (écotechnologies, bio-ressources, gestion de l'eau…), 10% sur l'économie numérique et 7% sur l'industrie culturelle à l'instar de Paris Mix qui entend promouvoir l'industrie des musiques du monde.
Pour Pierre Dartout, délégué interministériel à l'aménagement du territoire et à l'attractivité régionale (Datar), grappes et pôles de compétitivité sont complémentaires. "Les grappes sont dans une logique d'innovation plus que de recherche et sont donc davantage tournés vers le marché. En outre, elles reposent sur un ancrage territorial fort", a-t-il souligné, mardi, lors d'une conférence de presse. Mais contrairement à ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, jeudi dernier (voir ci-contre notre article du 30 avril 2010), Michel Mercier a confirmé qu'il y aurait bien des délabellisations de pôles parmi les 13 sur les 71 en sursis depuis l'évaluation de 2008. L'annonce sera faite lors du prochain Comité interministériel d'aménagement et de développement des territoires (Ciadt) qui se tiendra en début de semaine prochaine.
Reste la question de l'avenir des schémas régionaux de développement économique (SRDE) qui s'appuyaient justement sur une approche clusters. Que vont-ils devenir ? Lancés en 2005 à titre expérimental pour une durée de cinq ans, ils avaient failli être reconduits d'une année par la loi de finances rectificative pour 2010 mais l'amendement qui le prévoyait a finalement été retiré. Depuis, une évaluation a été lancée. Mais "il était prématuré de reconduire les SRDE avant la réforme des collectivités qui va trancher la question des compétences", explique-t-on rue de Varenne. En tout cas, Michel Mercier ne voit "aucune opposition de principe entre SRDE et grappes d'entreprises". Pour preuve : trois grappes retenues ont le soutien de leur région. Il s'agit de Cluster Lumière en Rhône-Alpes, du pôle Aménagement de la maison en Alsace et du pôle Industries culturelles et patrimoines en Paca. Au terme des deux appels à projets, Michel Mercier compte sélectionner une centaine de grappes à travers le territoire.
Michel Tendil