Hébergement - Médecins du Monde tire à son tour la sonnette d'alarme
Médecins du Monde publie les résultats de son enquête annuelle sur l'hébergement d'urgence, réalisée sur cinq villes de province : Angoulême, Lyon, Nice, Toulouse et Strasbourg. A travers cette étude, l'association entend notamment "documenter le parcours des personnes sans domicile fixe dans la recherche de solutions d'hébergement ou de logement et mesurer l'impact des nouvelles mesures gouvernementales pour ces publics en situation de grande précarité".
Les limites du 115 et de l'accompagnement social
Même si l'enquête de Médecins du Monde n'a pas la même ampleur que celle d'autres travaux du même type - les entretiens réalisés portent sur une centaine de personnes sans logement -, elle n'en apporte pas moins des éléments intéressants. Et le bilan qui en est tiré n'est pas vraiment positif. Ainsi, 42% des répondants n'avaient aucune couverture médicale, proportion qui monte à 53% chez les étrangers. Près d'un tiers (31,7%) souffre pourtant d'un problème de santé, le plus souvent une pathologie chronique avec une prédominance des pathologies d'ordre psychiatrique (dépression, troubles anxieux, alcoolisme...).
La durée moyenne de vie dans la rue atteint 3,5 ans et "au cours des trois derniers jours précédant l'enquête, seuls 23% ont été hébergés au moins une nuit par une association ou en centre d'hébergement d'urgence". Les lieux fréquentés sont donc avant tout l'espace public (49,5%), suivi de la famille ou d'amis (19,8%), puis des centres d'hébergement (16,8%). Parmi les personnes ayant contacté le 115 (60% du total), seules 28% se sont vu proposer une solution.
De même, seules 46,5% des personnes interrogées ont rencontré un travailleur social au cours des douze mois précédant l'enquête et moins d'un quart (22,7%) s'est vu proposer un accompagnement ou une aide pour trouver une solution d'hébergement durable.
En attendant la sortie de la gestion au thermomètre...
Médecins du Monde tire de son étude annuelle un certain nombre d'enseignements. L'association relève notamment que "les résultats de l'enquête indiquent que les demandes d'hébergement ne donnent toujours pas lieu à un hébergement inconditionnel et pour tous". Aussi, dans un contexte de forte augmentation de la demande d'hébergement et de saturation du 115, "il est indispensable d'augmenter le nombre de places en hébergement d'urgence et en logements", répète-t-elle. De même, il est nécessaire de développer des dispositifs d'hébergement et de logement adaptés aux besoins des publics, en particulier pour les personnes vulnérables.
En matière de santé, l'association prône une meilleure articulation entre le dispositif des lits halte soins santé (LHSS) et les différents dispositifs sanitaires, sociaux et médicosociaux, afin de permettre "le désengorgement" du dispositif. De même, il convient de "renforcer et mieux coordonner les dispositifs du 'aller vers' avec les équipes mobiles (comme les équipes mobiles psychiatrie précarité/EMPP) et les Pass mobiles (permanences d'accès aux soins de santé)".
Mais surtout, Médecins de Monde observe "que les solutions proposées restent très largement de courte durée et ne répondent absolument pas à la volonté du gouvernement de proposer des solutions pérennes permettant aux personnes les plus fragilisées de sortir de ces situations d'urgence". Conclusion en signe d'appel aux pouvoirs publics : "Il est indispensable de rendre concrètes et effectives les mesures en faveur de la fin de la gestion au thermomètre de l'hébergement et du logement."