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Culture - Malgré les réserves de l'UICN, la bassin minier se dirige vers une inscription au patrimoine mondial

Déjà victime d'un certain nombre de déboires depuis son lancement en 2002 (voir notre article ci-contre du 4 février 2011), le dossier de l'inscription du bassin minier est soumis à un - ultime ? - suspense. Une dépêche de l'AFP révèle en effet que l'un des deux groupes d'experts chargés de se prononcer sur le dossier a émis des réserves sur l'inscription du bassin minier. Le sujet est d'autant plus sensible que le comité du patrimoine mondial se réunit à Saint-Pétersbourg du 24 juin au 6 juillet pour se prononcer sur les 36 dossiers qui lui sont soumis par les Etats.
D'un côté, le Conseil international des monuments et des sites (Icomos), après s'être livré à une analyse détaillée du dossier, "reconnaît la valeur universelle exceptionnelle des paysages culturels évolutifs vivants apportés par les 109 éléments formant le bien en série du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, ainsi que sa place exceptionnelle dans l'histoire événementielle et sociale du monde de la mine". L'organisation - dont l'avis pèse lourd dans la décision du comité du patrimoine mondial - considère également que les mesures de protection prises par les autorités françaises "sont appropriées" et "que le système de gestion du bien est globalement approprié", même si "ses ressources humaines et financières propres doivent être précisées et confirmées". De façon logique, les experts de l'Icomos recommandent donc que le bassin minier soit inscrit sur la liste du patrimoine mondial en tant que paysage culturel.

L'avis de l'UICN

Tel n'est pas l'avis de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Son rapport estime en effet que "le dossier de la proposition ne justifie pas de manière convaincante que le paysage culturel proposé puisse être considéré comme 'une œuvre conjuguée de l'homme et de la nature'" (ce qui correspond à la définition des "biens mixtes", l'une des trois catégories du patrimoine mondial avec les biens culturels et les biens naturels). Il estime également que "la flore et la faune modifiées dans d'anciennes régions minières ainsi que les espaces de végétation semi-naturelle de la région, tout en ayant une importance pour la conservation de la nature au niveau national, ne peuvent pas être considérés comme un phénomène, en soi, de valeur universelle exceptionnelle".
Faut-il alors s'inquiéter pour le sort de la candidature du bassin minier ? Pas vraiment. D'une part, l'UICN ne se prononce que sur le volet "nature" de la candidature, dans un avis qu'il transmet d'ailleurs à l'Icomos et que ce dernier intègre à sa propre expertise. D'autre part, le bassin minier vise une inscription comme "paysage culturel" et non au titre de bien naturel (comme les cirques de la Réunion en 2010).
Une dernière preuve des chances de succès du bassin minier ? : la décision l'inscrivant sur la liste du patrimoine mondial est déjà rédigée et peut être consultée - en cherchant bien - sur le site du comité. Elle prévoit que le comité "inscrit le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, France, sur la liste du patrimoine mondial [...] en tant que paysage culturel". Une surprise de dernière minute peut certes survenir, même si elle est fort peu probable. Mais, si elle devait advenir, elle tiendrait alors sans doute à des questions d'équilibre entre continents et non aux qualités intrinsèques de la candidature du bassin minier.