Culture - Les Causses et les Cévennes inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco
Réuni à Paris pour sa session annuelle, le comité du patrimoine mondial de l'Unesco a inscrit, le 28 juin, les Causses et les Cévennes sur sa liste. Cette décision était attendue avec une grande impatience par les porteurs du projet, mais aussi avec une certaine inquiétude. Cette candidature a en effet déjà été écartée à deux reprises, en 2006 et en 2009 (voir nos articles ci-contre du 18 juillet 2006 et du 1er juillet 2009). Le premier dossier manquait de préparation et souffrait de la réticence de certains acteurs locaux. Le second était mieux structuré, mais l'Unesco a notamment hésité devant la taille du territoire à protéger (à cheval sur cinq départements et trois régions). La troisième tentative, sélectionnée par le gouvernement français en février dernier (voir notre article ci-contre du 4 février 2011), aura donc été la bonne.
Outre le soutien de l'Etat, le dossier était désormais porté par l'Avecc (Association de valorisation des espaces des Causses et des Cévennes), regroupant notamment quatre départements : l'Aveyron, l'Hérault, le Gard et la Lozère. De nombreuses autres collectivités étaient également associées à la candidature, comme les régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées et les principales communes concernées (Alès, Ganges, Lodève, Mende, Millau...).
La zone concernée couvre plus de 6.000 km2. Bien que comprenant des paysages très différents, ce territoire trouve son unité dans ce qui fait le fondement de la candidature : le témoignage de l'empreinte agro-pastorale dans le sud de la France et, plus largement, sur le pourtour méditerranéen. Le site conserve en effet de nombreuses traces des premiers temps de l'agro-pastoralisme, dès l'époque préhistorique. Outre cette empreinte historique, le site n'a jamais abandonné la pratique du pastoralisme. Il accueille aujourd'hui plusieurs formes de cette activité agricole et culturelle ancestrale : agro-pastoralisme, sylvo-pastoralisme, transhumants et sédentaires...
Une autre richesse de ce territoire - qui culmine à plus de 1.500 mètres avec le mont Aigoual - est de concentrer, sur une superficie relativement réduite, une grande variété d'éléments naturels habituellement dissociés : pelouses à caractère steppique (les plus importantes d'Europe), pelouses d'altitude, landes, tourbières et zones humides, effets de lisière nés de l'interpénétration des espaces boisés et des espaces ouverts...
Une organisation renforcée
En termes institutionnels, les porteurs du projet ont su corriger les faiblesses des candidatures précédentes, ce qui n'est pas sans lien avec la décision positive du comité du patrimoine mondial. Pour rassurer l'Unesco sur sa capacité à protéger un territoire aussi vaste, l'Avecc a ainsi mis en place une organisation structurée, qui repose sur trois piliers. Le premier est la "conférence territoriale", organe décisionnaire qui a la responsabilité de la gestion du bien. Elle définit les orientations de la gestion du site, sur la base d'une charte d'engagement. Le second pilier est la "conférence d'orientation", instance consultative chargée d'éclairer la conférence territoriale et qui regroupe tous les acteurs locaux : élus, socioprofessionnels, techniciens, administrations, associations... Enfin, la "mission technique" est chargée d'animer le partenariat sur les Causses et les Cévennes, en mettant en œuvre le plan opérationnel élaboré par l'ensemble des acteurs. Avec l'inscription au patrimoine mondial, l'Avecc devrait évoluer, dans les prochains mois, vers une structure de gestion renforcée, chargée de promouvoir le site et d'en assurer la préservation.
Jean-Noël Escudié / PCA
Nouvel échec pour les sites de Le Corbusier
Comme on pouvait s'y attendre, le comité du patrimoine mondial a décidé de différer sa décision sur la candidature portant sur l'œuvre de l'architecte Le Corbusier dans le monde. Cette position n'est pas vraiment une surprise. Les experts de l'Icomos (International Council on Monuments and Sites) avaient en effet émis des réserves sur cette candidature. La France, qui porte ce dossier international, a d'ailleurs failli la retirer elle-même ces derniers jours, avant de décider finalement son maintien. Le fait de différer l'examen, plutôt que de rejeter la candidature laisse toutefois une chance à ses auteurs de représenter le projet à une prochaine session. Le problème est que ce dossier avait déjà fait l'objet d'un premier report en 2009 (voir notre article ci-contre du 29 juin 2009). Entre-temps, le périmètre du projet est certes passé de 22 à 19 sites dans 18 villes et six pays (Argentine, Allemagne, Belgique, France, Japon et Suisse), mais cette réduction de format n'a pas suffi à lever les réticences du comité face à une candidature jugée encore trop dispersée.