Social - Malgré la crise, le surendettement recule
Dans la dernière édition de son baromètre du surendettement, la Banque de France livre des enseignements intéressants. Alors que la crise économique et les difficultés de l'emploi pèsent de tout leur poids, le surendettement est pourtant en recul. Entre mars 2012 et mars 2013, le nombre de dossiers de surendettement déposés a en effet reculé de 4,6%, pour s'établir à 218.031 au cours de la période. Alors que tous les indicateurs sociaux sont au rouge, il est difficile de ne pas voir dans cette évolution à contre-courant la conséquence de la loi du 1er juillet 2010 portant réforme du crédit à la consommation, dite aussi loi Lagarde et entrée en vigueur le 1er novembre 2010. Avec les 218.031 dossiers de surendettement déposés en 2012-2013, les chiffres reviennent pratiquement à l'étiage de 2009-2010 (214.618 dossiers déposés). Mais ils restent supérieurs à ceux de 2008-2009 (194.378 dossiers). Les résultats du baromètre confirment, sous un autre angle, les enseignements qui ressortaient déjà de la première évaluation de l'impact de la loi du 1er juillet 2010, publiée par le ministère de Finances en septembre 2012. Celle-ci montrait notamment une diminution de plus de cinq millions du nombre de crédits renouvelables accordés (voir notre article ci-contre du 26 septembre 2012).
Malgré cette baisse des entrées constatée sur un an, le nombre de ménages en situation de surendettement - ou "en cours de désendettement", pour reprendre l'expression de la Banque de France - progresse légèrement, passant de 774.000 à 778.000. Une contradiction apparente, qui s'explique par le moindre nombre de sorties (conclusion d'un plan conventionnel, orientation vers une procédure de redressement personnel, mesures imposées et recommandées...).
La baromètre de la Banque de France apporte également des informations sur la situation et le profil des personnes surendettées. Au premier trimestre 2013, le niveau moyen d'endettement pour les dossiers recevables s'établit ainsi à 38.200 euros, avec une moyenne de 9,2 dettes par dossier. Pour la période considérée, l'endettement se compose pour 81,3% de dettes financières, pour 10% d'arriérés de charges courantes et pour 8,7% d'autres types de dettes. Les dettes financières sont présentes dans 93,6% des dossiers, avec une moyenne de 5,2 dettes financières et 33.300 euros par dossier. Au sein de cet ensemble, les dettes immobilières se taillent la part du lion, non pas en termes de nombre de dossiers (10,3% du total), mais en montant de la dette moyenne (105.100 euros). Souvent pointés du doigt dans les débats sur le surendettement, les crédits à la consommation pèsent pourtant moins lourds. Ils sont présents dans 87,4% des dossiers, avec 4,5 dettes en moyenne et un encours moyen de 22.300 euros. Enfin, s'ils sont présents dans 59,1% des dossiers de surendettement, les découverts et dépassements ne représentent qu'un encours moyen de 1.400 euros.
Signe des difficultés sociales, les dettes de charges courantes sont présentes dans 79,7% des dossiers, avec une moyenne de 3,9 dettes et un encours de 4.800 euros. Elles correspondent aux dettes de logement (loyer et charges locatives) ou afférentes au logement (électricité, gaz, chauffage, eau...), de communication (téléphonie, internet...), de transport, d'assurance, de santé et d'éducation, ainsi qu'aux dettes alimentaires et aux dettes fiscales.