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Personnes âgées - Maladie d'Alzheimer : les médecins libéraux contestent le rôle des Maia

L'Union nationale des professions de santé (UNPS) - qui regroupe les représentants de 24 organisations syndicales de professionnels de santé libéraux - exprime dans un communiqué son "désaccord avec les recommandations résultant de l'évaluation du dispositif Maia" (méthode d'action pour l'intégration des services d'aide et de soins dans le champ de l'autonomie). Cette prise de position pèse d'un poids certain dans la mesure où - outre sa représentativité - l'UNPS n'est pas un simple syndicat catégoriel, mais une instance officielle créée par la loi du 13 août 2004 portant réforme de l'assurance maladie.

La multiplication de "dispositifs concurrents de coordination"

L'UNPS juge que cette évaluation du dispositif "n'est pas objective, ayant pour seule intention de légitimer l'existence des Maia à l'égard des autres dispositifs concurrents". Plus largement, les représentants des professions de santé libérales déplorent  "l'incohérence des pouvoirs publics à multiplier depuis plusieurs années des dispositifs concurrents de coordination (Maia, CTA des Paerpa, PTA, Prado, évolution du rôle des Clic et des réseaux de santé vers la coordination d'appui) avec des tutelles et des financements différents".
L'UNPS s'étonne également "de voir une évaluation, qui annonce vouloir améliorer l'efficacité et l'efficience du dispositif, ne pas tenir pas compte d'un des acteurs essentiels à la mise en œuvre du dispositif, les professionnels de santé libéraux".
Dans ces conditions, leurs représentants refusent de cautionner "des recommandations poussant à l'approfondissement du dispositif Maia, alors que le rapport d'évaluation pointe à maintes reprises les limites du dispositif : un modèle théorique mis à mal au contact des réalités de terrain, l'impossibilité d'objectiver les bénéfices de la gestion de cas, des gestionnaires de cas qui peinent à établir une relation avec les professionnels de santé libéraux".

Quelle place pour les professionnels de santé ?

Sur le fond, l'UNPS estime que l'intégration des services d'aide et de soins - qui est au cœur de l'approche de la Maia - "n'est pas la solution la plus pertinente pour répondre dans les plus brefs délais aux problèmes organisationnels du système de santé". Elle considère, de même, que la coordination soignante au chevet du patient ne peut être externalisée et relève des professionnels de santé directement impliqués dans la prise en charge, ce qui constitue une critique implicite du rôle des gestionnaires de cas.
Pour autant, l'UNPS n'annonce pas son intention de se retirer du pilotage du dispositif, comme elle l'a fait, il y a moins d'un an, en sortant du comité de pilotage du dispositif Paerpa (personnes âgées en risque de perte d'autonomie) pour des motifs très similaires (voir ci-dessous notre article du 9 mars 2016).
La prise de position de l'UNPS ne devrait pas remettre en cause le déploiement du dispositif Maia. Mais, après l'incident sur les Paerpa, elle pose néanmoins une double question. D'une part, celle de l'enchevêtrement de dispositifs, dont la complexité croît au même rythme que la perte de lisibilité. D'autre part, celle de la place des médecins libéraux - et notamment des généralistes - dans ces dispositifs. Ces professionnels de santé ne sont pas pour autant exempts de toute contradiction : d'un côté, il souhaitent occuper une place centrale dans les dispositifs de prise en charge des personnes âgées dépendants ; de l'autre, ils estiment ne pas pouvoir faire face aux tâches et aux contraintes de coordination que suppose leur mise en charge.