Transports - Lyon-Turin : Manuel Valls précise le financement de la contribution française
Le Premier ministre, Manuel Valls, a annoncé jeudi 21 juillet en Savoie que les "résultats des tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus" serviraient à alimenter un fonds contribuant à financer les travaux de construction du tunnel principal de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Le coût de ce tunnel transfrontalier, d'une longueur de 57,5km, est estimé à 8,6 milliards d'euros, financés à 40% par l'Union européenne (UE), à 35% par l'Italie et à 25% par la France.
Les premiers travaux sont prévus en 2017, mais Manuel Valls a inauguré jeudi à Saint-Martin-la-Porte la mise en service du tunnelier Federica, qui creusera à partir de cet été une galerie de reconnaissance constituant le premier tronçon du futur tube sud du tunnel. "La France apportera (...) 2,2 milliards d'euros, soit 25% (du coût des travaux)", a confirmé le Premier ministre dans son discours. "C'est un coût important", "environ 200 millions d'euros chaque année pendant la durée du chantier", a souligné Manuel Valls.
"Ce financement devra être sécurisé sur la durée de réalisation du projet, ne pas peser exclusivement sur le budget de l'Etat et concrétiser notre ambition de report modal. C'est pourquoi, le projet bénéficiera des financements d'un fonds dédié et pérenne, le Fonds de développement d'une politique intermodale des transports dans le Massif alpin", a-t-il poursuivi.
Ce fonds "sera alimenté par les résultats des tunnels routiers du Mont-Blanc et du Fréjus. Il pourra également se voir affecter de nouvelles recettes, telles que l'Eurovignette préconisée par les parlementaires Michel Destot (député PS, ndlr) et Michel Bouvard (sénateur LR, ndlr)", a-t-il précisé. Cette vignette "fait l'objet d'une instruction juridique en lien avec les services de la Commission européenne et du gouvernement italien". Dans un rapport remis en juillet 2015 Michel Bouvard et Michel Destot avaient préconisé d'augmenter de 10 à 15% le tarif des péages pour les autoroutes françaises traversant les Alpes. Ces "surpéages", conformes à la directive européenne "Eurovignette", permettraient de dégager 40 millions d'euros, avaient-ils estimé.
La France et l'Italie ont signé en février 2015 un accord pour "l'engagement définitif des travaux de la section transfrontalière de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin". Manuel Valls a indiqué jeudi que le projet de loi de ratification de cet accord serait "soumis au Parlement français dès la rentrée prochaine".
Cette nouvelle "autoroute ferroviaire", combinant fret et trafic de voyageurs, devrait entrer en service en 2030. Les partisans du projet , parmi lesquels de nombreux élus rhône-alpins, assurent qu'il permettra de transférer l'équivalent d'un million de poids lourds de la route vers le rail, évitant ainsi l'émission de trois millions de tonnes de CO2 par an. Mais le projet est très contesté localement. Pour la coordination des opposants, le tunnelier "creuse la dette publique et tarit les financements nécessaires à la sécurité du réseau ferroviaire français". Europe Ecologie-les Verts dénonce pour sa part un "projet absurde, démesuré et inutile, puisque des liaisons ferroviaires existent déjà, y compris pour le fret, et qu'elles sont pour le moment largement sous-exploitées". En 2012, la Cour des Comptes avait aussi émis de sérieuses réserves à l'égard du projet.