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Transports - Pour la Cour des comptes, le projet de LGV Lyon-Turin n'est pas sur les bons rails

La Cour des comptes a publié le 5 novembre un référé daté du 1er août qui se montre très sévère à l'encontre du projet de ligne à grande vitesse (LGV) entre Lyon et Turin. Objet d'un accord signé en 2001 entre la France et l'Italie, la construction de cette ligne, jugée stratégique pour le réseau européen et subventionnée par l'UE, vise à raccourcir le trajet entre Paris et Milan à quatre heures contre sept actuellement. Mais la cour regrette que le pilotage du projet, qualifié de "très ambitieux", ne réponde pas aux "exigences de rigueur nécessaires à une opération de cette ampleur et de cette complexité". Elle note que les prévisions de trafic établies dans les années 1990, qui envisageaient la poursuite d'une forte croissance, ont été "fortement remises en cause depuis", le risque de saturation des infrastructures existantes n'étant aujourd'hui envisagé qu'à l'horizon 2035. Elle pointe aussi des coûts prévisionnels "en forte augmentation". "Du fait notamment du renforcement des règles de sécurité et du changement de tracé de la partie commune, l'estimation du coût global est ainsi passée en euros courants de 12 milliards d'euros en 2002 à 26,1 milliards d'euros selon les dernières données communiquées par la direction générale du Trésor", note-t-elle. Enfin, ajoute-t-elle, "associée à une faible rentabilité socio-économique, la mobilisation d'une part élevée de financements publics se révèle très difficile à mettre en oeuvre dans le contexte actuel", d'autant qu'"aucun financement n'est prévu dans le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) pour 2013".
Même si pour la cour, "le caractère international du projet, son ancienneté et sa complexité rendent difficile l'énoncé de recommandations", elle rappelle la conclusion, en matière de dépenses d'investissement, de son rapport de juillet dernier sur les finances publiques qui conseillait de "réexaminer systématiquement ces dépenses au vu de leur compatibilité avec la situation financière réelle du pays, de leur rentabilité financière et socio-économique et surtout de leur contribution au relèvement du niveau de la croissance potentielle de l'économie".
Concernant la LGV Lyon-Turin, la cour recommande donc "de ne pas fermer trop rapidement l'alternative consistant à améliorer la ligne existante". Si le projet devait être malgré tout poursuivi, elle préconise "d'étudier les mesures éventuellement contraignantes de report du trafic transalpin de la route vers la voie ferrée". Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, destinataire du référé en août, a relevé dans un courrier également rendu public le 5 novembre par la Cour des comptes que le projet répond à l'"objectif stratégique" de "sécuriser les échanges entre la France et l'Italie à travers les Alpes". Selon lui, cette nécessité a été renforcée par les accidents survenus en 1999 et 2005 dans les tunnels alpins qui ont "mis en évidence la fragilité du système actuel qui repose principalement sur le mode routier".
L'avenir de la LGV Lyon-Turin sera au menu du sommet franco-italien du 3 décembre prochain à Lyon. En attendant, les parlementaires concernés par le projet, parmi lesquels Gérard Collomb, sénateur-maire de Lyon, et Jean-Jack Queyranne, président de la région Rhône-Alpes, se réunissent le 7 novembre à Paris. Ils souhaitent rédiger un appel au président de la République pour "lui rappeler à quel point cette liaison ferroviaire est essentielle pour l'emploi et la croissance en Europe, comme pour un environnement mieux préservé".