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Transports - Les opposants aux LGV dénoncent le "gouffre financier" des projets en cours

Deux collectifs opposés aux projets de lignes ferroviaires à grande vitesse (LGV) dans le sud de la France ont dénoncé le 15 avril le "gouffre financier" des projets en cours, poussés selon eux par les "lobbys" du BTP et la "vanité" des élus. Selon les calculs du collectif basque Cade et de la Coordination des opposants au Lyon-Turin, les LGV en prévision ne sont pas rentables, avec des coûts "systématiquement sous-estimés" et des fréquentations surestimées.
Le lancement des lignes du Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), qui comprend les lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax, a été confirmé par le gouvernement à l'automne dernier. La préfecture d'Aquitaine avait annoncé l'ouverture des enquêtes publiques pour juin 2014. L'accord franco-italien validant la ligne Lyon-Turin, lancée en 2001 mais qui a pris du retard, a, lui, été approuvé par le Parlement français en novembre.
Les lignes du GPSO coûtent 56% plus cher que la LGV Méditerranée, pour un trafic moindre, selon les opposants, qui se basent sur les lois d'orientation des transports et infrastructures (Loti) et les données de Réseau ferré de France (RFF). La ligne Bordeaux-Espagne coûterait 32 millions d'euros au kilomètre, un record, avec un nombre de passagers au kilomètre de 26.428, soit "le plus bas jamais atteint".
Comme ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier avait confirmé en octobre 2013 le lancement de la ligne Bordeaux-Toulouse, qui mettra la quatrième ville de France à 3 h 10 de Paris en 2024, et de la ligne Bordeaux-Dax, qui mettra Bayonne à 3 h 25 de Paris, pour 2027. Le rapport de la commission Mobilité 21, remis en juin dernier, avait considéré que seule la ligne Bordeaux-Toulouse devait être réalisée compte tenu des contraintes budgétaires, et invité à développer le train de proximité.
Les opposants dénoncent un "travail de couloirs auprès de Frédéric Cuvillier pour continuer des études sur des projets dont le budget n'est pas assuré", de la part des soutiens des LGV et du BTP. Selon eux, seuls les élus régionaux et les députés soutiennent les LGV.
"Un grand élu se voit déshonoré s'il n'a pas son TGV", estime Victor Pachon, du Cade. Par ailleurs, l'augmentation du fret, qui est un des objectifs de la ligne Lyon-Turin, ne convainc pas Daniel Ibanez, de la Coordination des opposants au Lyon-Turin. Il estime que le ministre des Transports ne s'oriente pas vers cette politique en favorisant le transport routier dans le tunnel de Fréjus.
Ces organisations d'opposants prônent une modernisation des lignes existantes, consistant à "redresser tous les passages à niveau et redresser les courbes." "Nous sommes pour des trains à 160-200 kilomètres/heure, sur les voies existantes réaménagées. Nous sommes pour les trains du quotidien, car il faut savoir que seulement 8% des usagers du train utilisent les TGV, alors qu'ils représentent le plus de financements", souligne Victor Pachon. Selon lui, le trajet Bordeaux-Bayonne en TGV ne prend pas en compte les arrêts intermédiaires, et l'écart entre la LGV et une ligne modernisée se réduirait à 2 minutes si les deux trains s'arrêtaient aux mêmes gares.