Social - L'Unccas propose de nouveaux indicateurs pour la connaissance locale de la pauvreté
Après le Sénat (voir notre article ci-contre du 4 juillet 2008), la Caisse nationale d'allocations familiales (article du 4 septembre 2008) et le gouvernement (article du 25 mai 2009), l'Union nationale des centres communaux et intercommunaux d'action sociale (Unccas) se penche à son tour sur les indicateurs de la pauvreté. L'association publie en effet un guide intitulé "Nouveaux indicateurs pour une meilleure connaissance locale de la pauvreté". Cet ouvrage de 88 pages a été réalisé par un groupe d'experts (directeurs de CCAS), avec le concours d'un cabinet spécialisé, de la Délégation interministérielle à l'innovation, à l'expérimentation sociale et à l'économie sociale (DIIESES) et avec le soutien du haut-commissariat aux Solidarités actives contre la pauvreté. Son ambition est de proposer aux élus et aux professionnels intervenant dans le domaine de la protection sociale "des nouveaux outils de lecture de la pauvreté", notamment "à travers une approche territoriale visant à comprendre comment les spécificités d'un territoire peuvent influencer les formes de pauvreté et de précarité présentes sur celui-ci".
En pratique, l'ouvrage comporte quatre grandes parties. La première passe en revue les différentes définitions et indicateurs courants de la pauvreté. La seconde partie s'attarde sur les approches quantitatives de la pauvreté et sur les liens qui unissent cette dernière avec les caractéristiques des territoires. Elle mixe pour cela l'approche sociodémographique et l'approche socioéconomique, ce qui lui permet de proposer une intéressante "grille de lecture des indicateurs non monétaires de la pauvreté par typologie de territoire". La réflexion en ce domaine s'appuie sur l'exemple de trois départements qui ont participé à l'étude : la Gironde, le Puy-de-Dôme et le Val-d'Oise. La troisième partie du guide restitue les résultats d'enquêtes menées parallèlement auprès des intervenants sociaux et des usagers des CCAS. Si les résultats de l'enquête auprès des intervenants sociaux apparaissent quelque peu confus, l'étude auprès des usagers des CCAS a le mérite de mettre en relief les "hiatus entre la norme de pauvreté retenue par l'Insee et la perception qu'ont les personnes de leur situation". Le hiatus se situe plus précisément entre la perception de la pauvreté et sa mesure monétaire. Il existe ainsi des personnes en situation de pauvreté monétaire mais qui ne se perçoivent pas comme telles (cas de jeunes notamment, qui considèrent ces situations comme transitoires) et d'autres qui se perçoivent comme pauvres alors que leurs revenus sont supérieurs aux seuils.
La dernière partie est la plus prospective, puisqu'elle s'intitule, non sans ambition, "Vers une proposition d'indicateurs connexes et périphériques de mesure et de suivi de la pauvreté, établis à partir des enquêtes qualitatives". Elle propose une série d'indicateurs, qui peuvent être regroupés selon différentes logiques (comme la tranche d'âge) et en distinguant trois grands catégories : indicateurs de valeur (en gros, les indicateurs quantitatifs existants), indicateurs de questionnement et indicateurs de veille. Les indicateurs proposés couvrent plusieurs thématiques classées par "ordre". On compte ainsi quatre thématiques "de premier ordre" : revenus et consommation, emploi et travail (accès et conditions), logement (accès et maintien), et accès aux soins, santé, handicap. Les indicateurs de second ordre sont au nombre de deux : éducation et formation (accès et niveau) et vie familiale/conjugale, éducation des enfants. Viennent enfin deux indicateurs de troisième ordre : accès à la culture, aux sports et loisirs et à une sociabilité entre amis, citoyenneté et implication associative. On notera au passage que ce classement rejoint, pour une bonne part, la priorité traditionnellement donnée à l'approche monétaire de la pauvreté.
Jean-Noël Escudié / PCA