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Social - La pauvreté touche surtout le nord et le sud de la France

La Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) et le réseau Perspicaf - qui réunit les chargés d'études de l'ensemble des CAF - publient un numéro de la revue Dossiers d'Etudes intitulé "Pauvreté, bas revenus - apports des données des CAF". L'étude porte sur les allocataires de la branche Famille de la sécurité sociale résidant en France métropolitaine (avec toutefois un aperçu sur les allocataires de la MSA). Ceci représente un échantillon de plus de 10 millions d'allocataires, dont 7,8 millions pour lesquels le revenu par unité de compte (RUC) est calculable (sur un nombre total d'allocataires de la population de référence du RUC de 8,7 millions).
Après des rappels terminologiques et méthodologiques, l'étude, qui porte sur les revenus de 2005, s'intéresse à la pauvreté monétaire relative (60% du revenu médian). Elle dénombre 3,38 millions d'allocataires à bas revenus, disposant d'un revenu mensuel par unité de consommation inférieur à 645 euros. Plus de la moitié d'entre eux ne sont pas bénéficiaires d'un minimum social, alors que plus de 80% des allocataires à bas revenus du régime agricole perçoivent l'un des minima sociaux. Les titulaires de ces minima sociaux ont d'ailleurs des revenus inférieurs à la moyenne des bas revenus, la moitié des bénéficiaires du RMI disposant d'un RUC inférieur à 485 euros. Ces chiffres donnent un taux national de bas revenus de 15,4% pour 2005, supérieur au taux national de pauvreté de 12,1% pour la même année. L'écart entre les deux données tient pour partie à des questions de méthodologie.
Un chapitre de l'étude s'attache aux aspects régionaux des bas revenus. Il en ressort des contrastes géographiques très marqués. Le taux national de 15,4% oscille ainsi entre 11,2 et 22,9%. Les régions présentant les taux les plus élevés (plus de 19%) sont le Nord-Pas-de-Calais, le Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Corse. A l'inverse, celles affichant les taux les plus faibles (entre 11,2 et 13,4%) sont la Bretagne, les Pays-de-la-Loire et l'Alsace. De façon plus large, la pauvreté se concentre au nord (Basse et Haute-Normandie, Picardie, Champagne-Ardenne et Lorraine, en plus du Nord-Pas-de-Calais) et au sud (Midi-Pyrénées, en plus des régions déjà citées). Logiquement, le Nord-Pas-de-Calais concentre le plus grand nombre de bénéficiaires de minima sociaux parmi les allocataires à bas revenus (52,7%), alors que la Bretagne en compte la plus faible proportion (40,7%). Le cas de l'Ile-de-France constitue une particularité, due à ses forts contrastes socio-économiques : alors qu'elle compte moins de bas revenus (14%) que la moyenne nationale, elle partage avec le Languedoc-Roussillon la première place pour la proportion de RMistes par les allocataires à bas revenus (36% chacune). Autre contraste géographique très marqué : la part des familles avec enfants parmi les allocataires à bas revenus est nettement plus élevée à l'est d'une ligne Dunkerque-Marseille. Au plan national, elle varie de 24,9% (Bretagne) à 35,4% (Picardie), tandis que le taux de familles monoparentales va de 24,1% (Limousin) à 30,8% (Paca).

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Référence :  Caisse nationale d'allocations familiales : "Pauvreté, bas revenus - apports des données des CAF", Dossier d'Etude numéro 107 (août 2008).