Logements évolutifs : un arrêté essaie de définir les "travaux simples"
Un arrêté devrait permettre la mise en œuvre de la notion de "logement évolutif", introduite par la loi Elan, en précisant la définition des "travaux simples" pour adapter un logement au handicap ou à la perte d'autonomie.
Un arrêté du 11 octobre 2019 devrait permettre la mise en œuvre effective de la notion de "logement évolutif", introduite par la loi Elan (Évolution du logement, de l'aménagement et du numérique) du 23 novembre 2018. Cette notion remplace l'obligation d'accessibilité universelle, instaurée par la loi Handicap du 11 février 2005 mais qui ne s'est jamais véritablement mise en place, du moins dans son intégralité. Pour donner corps au concept de logement évolutif, l'arrêté du 11 octobre précise la définition des "travaux simples", qui doivent permettre d'adapter un logement au handicap ou à la perte d'autonomie.
Cinq conditions pour définir les travaux simples
La notion de logement évolutif fait déjà l'objet de l'article R.111-18-2 du code de la construction et de l'habitation (CCH), qui détaille "les dispositions architecturales, les aménagements et les équipements propres à assurer l'accessibilité des logements situés dans les bâtiments d'habitation collectifs". Cet article prévoit notamment qu'"une partie des espaces nécessaires à l'utilisation par une personne en fauteuil roulant peuvent être aménagés à d'autres fins sous réserve que des travaux simples permettent d'en rétablir la possibilité d'utilisation par une personne en fauteuil roulant".
Pour sa part, l'arrêté du 11 octobre 2019 modifie le volumineux arrêté du 24 décembre 2015 relatif à l'accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d'habitation collectifs et des maisons individuelles lors de leur construction, qui reste le texte de référence en matière d'accessibilité des logements. L'arrêté du 11 octobre précise notamment que "la conception des logements évolutifs doit permettre la redistribution des volumes par des travaux simples pour garantir l'accessibilité ultérieure de l'unité de vie [...]".
Mais son principal apport réside sans conteste dans la définition des "travaux simples". Pour être considérés comme simples, ces travaux doivent remplir cinq conditions : être sans incidence sur les éléments de structure ; ne pas nécessiter une intervention sur les chutes d'eau, sur les alimentations en fluide et sur les réseaux aérauliques situés à l'intérieur des gaines techniques appartenant aux parties communes du bâtiment ; ne pas intégrer de modifications sur les canalisations d'alimentation en eau, d'évacuation d'eau et d'alimentation de gaz nécessitant une intervention sur les éléments de structure ; ne pas porter sur les entrées d'air ; ne pas conduire au déplacement du tableau électrique du logement.
Des contentieux à prévoir
Si l'arrêté tente ainsi de préciser la notion de "simple", par nature assez vague, il en donne néanmoins une vision assez extensive. Ainsi, tous les travaux pourraient être considérés comme simples, dès lors qu'ils ne touchent pas aux éléments de structure du bâtiment et/ou à des éléments assimilables, comme les différentes canalisations intégrées dans les gaines techniques ou les canalisations dont la modification suppose d'intervenir sur des éléments de structure. Des contentieux sont donc à prévoir, portant soit sur le coût des travaux (à la charge du locataire, sauf dans le logement social), soit sur l'autorisation préalable qui doit être obtenue du propriétaire.
A noter : l'arrêté du 11 octobre 2019 procède également à un aménagement de l'arrêté de référence du 24 décembre 2015 sur la question des ascenseurs. Ces modifications tiennent compte de la nouvelle rédaction de l'article R*111-5 du CCH prévoyant désormais que "l'installation d'un ascenseur est obligatoire dans les parties de bâtiments d'habitation collectifs comportant plus de deux étages accueillant des logements au-dessus ou au-dessous du rez-de-chaussée".
Références : Arrêté du 11 octobre 2019 modifiant l'arrêté du 24 décembre 2015 relatif à l'accessibilité aux personnes handicapées des bâtiments d'habitation collectifs et des maisons individuelles lors de leur construction (Journal officiel du 18 octobre 2019).