Risques naturels - L'Observatoire national des risques naturels s'offre un premier outil
Belle initiative que cet observatoire lancé l'an dernier, deux ans après la tempête Xynthia, qui avait elle-même suscité un copieux travail parlementaire ayant conclu à la nécessité d'une approche plus collective des enjeux posés par les catastrophes naturelles. Le 28 mars, lors du colloque qui lui était dédié, cet observatoire a présenté son premier outil , le portail www.onrn.fr, créé pour faciliter l'accès aux données sur les risques naturels en France. Jusqu'alors éparpillées voire confidentielles, elles bénéficient ainsi d'un nouvel éclairage, à la hauteur de l'enjeu. "Nous ne partons pas de rien : certains observatoires régionaux produisent et diffusent déjà un beau travail. L'ONRN n'a pas vocation à s'y substituer mais à les rapprocher et les mettre en réseau", a précisé Marc Jacquet, chef du service risques naturels et hydrauliques au ministère de l'Ecologie, qui est à l'initiative de l'ONRN avec la Caisse centrale de réassurance et une association émanant des assureurs, la Mission des sociétés d'assurances pour la connaissance et la prévention des risques naturels (MRN). Sans moyens propres ni réel pilote, l'ONRN n'en est pas moins structuré et intègre un comité des utilisateurs animé par un membre de l'Association française pour la prévention des catastrophes naturelles (AFPCN), qui est elle-même présidée par un élu, Christian Kert. Député des Bouches-du-Rhône, celui-ci explique : "Ce portail répond à une forte demande des professionnels et des élus locaux. Il devrait jouer un rôle de catalyseur et susciter, de la part de ces derniers, plus d'attention et d'implication sur ce sujet." La connaissance et la mémoire du risque sont en effet capitales. "Surtout à l'heure où plane dans l'air du temps une forme de déni des risques qui pourtant existent", rebondit Michel Luzi, président de la MRN.
Un outil issu d'une nouvelle approche
L'information actuellement disponible sur les risques naturels est riche."Mais elle ne permet pas de se situer par rapport aux nouvelles approches de prévention, dans lesquelles les sciences naturelles dominent, alors que les sciences économiques et sociales ont aussi des choses à apporter", a relevé Christian Kert. Elles pourraient notamment jouer un rôle plus important dans l'évaluation des actions et politiques mises en œuvre. "L'évaluation coûts-bénéfices commence timidement à être pratiquée pour les inondations. Mais du chemin reste à faire. Il y a surtout besoin d'un regard collectif et partagé sur les données et statistiques émises", a ajouté Patricia Blanc, depuis peu à la tête de la direction générale pour la prévention des risques au ministère de l'Ecologie. D'où l'intérêt de ce nouveau portail. "La réalisation d'indicateurs nationaux et territoriaux, produits à partir de données jusque-là réservées aux assureurs, méritait une diffusion. Le rapprochement de plusieurs bases de données est un exercice complexe, qui nécessite encore un effort de standardisation", éclaire Marc Jacquet. Pour autant, cet outil n'est pas amené à devenir le réceptacle de toutes les informations sur les risques. Et Michel Luzi de conclure : "Ce n'est pas une base centrale mais une plateforme d'orientation. Elle couvre pour commencer le champ des inondations mais a vocation à s'élargir. Car contrairement à une idée répandue, ce ne sont pas les inondations mais les tempêtes qui ont coûté ces dernières années le plus cher aux assureurs."