Environnement - L'Ile-de-France peaufine ses Assises de l'énergie
Le 27 septembre, lors d'un point d'étape sur la politique environnementale menée par sa collectivité, Valérie Pécresse, présidente du conseil régional d'Ile-de-France, a annoncé la tenue en novembre d'Assises de l'énergie réunissant les principaux acteurs régionaux du secteur.
Branle-bas de combat au sein du conseil régional d'Ile-de-France ! Le 27 septembre, l'exécutif a tenu un point presse dans un contexte mouvant. Deux vice-présidents piliers de son exécutif, Chantal Jouanno (écologie et développement durable) et Anne Chain-Larché (ruralité et agriculture), sont sur le départ. Cela intervient alors même que l'institution s'apprête à déménager dans trois mois son siège à Saint-Ouen, en Seine-Saint-Denis. Et qu'elle a du pain sur la planche avec la préparation d'Assises régionales de l'énergie. Ces assises auront lieu avant la fin novembre. "Elles permettront d'élaborer une stratégie énergétique régionale qui fera l'objet d'une délibération début 2018", précise Valérie Pécresse.
Un retard conséquent
Sur le retard de la région en matière d'énergies renouvelables, la présidente de la région ne mâche pas ses mots : "Il est important, pour le solaire inacceptable, moins pour l'éolien car son potentiel n'est pas énorme." Certes faible, le potentiel de l'éolien francilien est loin d'être atteint. Alors que dans les régions voisines il est aux trois quarts atteint, l'éolien en Ile-de-France représente 4,2% du potentiel régional, selon la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (Driee) d'Ile-de-France (voir notre article du 23 juin 2016). Les sites éoliens se comptent sur les doigts d'une main dans une région qui importe 90% de l'énergie qu'elle consomme.
Au menu des Assises
Pour cette "collectivité d'investissement" qu'est la région, réviser la stratégie passe par une remise à plat des aides dans le domaine - "il faut dire que le dispositif actuel de soutien date de 2012", glisse-t-on dans l'exécutif. Pour préparer ces assises, des rencontres sont en cours avec les principaux acteurs régionaux du secteur : syndicats d'énergie, services de l’État, élus et industriels. "Prenons le temps d’échafauder une stratégie transversale, en commençant par débureaucratiser ce domaine miné par trop d'obstacles. Devoir attendre des années pour implanter une installation de méthanisation n'est pas normal", déplore Valérie Pécresse. L'efficacité et la sobriété énergétiques s'inviteront au menu de ces assises et pour cause, la loi de transition énergétique confie aux régions la charge de piloter un programme dans le domaine. L'un des volets de ce programme est la lutte contre la précarité énergétique. Un enjeu qui a fait l'objet d'un "Grenelle régional" associant l’ensemble des parties prenantes (voir notre article du 27 février 2017) et dont les conclusions en passe d'être collectées et synthétisées nourriront les travaux de ces assises.
S'adapter à la demande
Dressant la bilan de son action, Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l'écologie et du développement durable, a expliqué qu'elle était tournée vers les collectivités : "Nous l'avons refondée en sortant d'une politique dominée par des critères qu'il fallait remplir et en repartant des besoins des territoires. L'accent a entre autres été mis sur la qualité de l'air, l'innovation et la croissance verte dans cette région où les entreprises et start-up font beaucoup. Dans bien des cas nous nous sommes adaptés à la demande et aux besoins de soutien de communes ou d'associations dont les projets sont évalués par des jurys constitués en interne d'experts et d'élus." "Un système qui fonctionne plutôt bien et une mixité, une parité experts-élus à laquelle je tiens", commente Valérie Pécresse. Sous la loupe de ces jurys transitent les contrats d'aménagement régionaux (CAR) – une petite trentaine ont été signés – qui apportent des aides auparavant dispersées, avec un règlement simplifié et un plafond de subvention revu. Les dotations supplémentaires accordées ne sont pas négligeables et la région cite celles octroyées aux communes de Pantin (500.000 euros pour requalifier son parc urbain) ou de Drancy (rénovation énergétique d'une école). "La région s'intéresse par ailleurs de près aux démarches d'urbanisme transitoire et soutient les collectivités en la matière. C'est un champ nouveau et à développer", ajoute Chantal Jouanno, en citant l'appel à manifestation d'intérêt à l'issue duquel 18 projets finançables portés par des collectivités, aménageurs publics ou associations vont être soutenus.
Qualité de l’air : blocages et avancées
Valérie Pécresse est également revenue sur les principales avancées du plan régional pour la qualité de l'air acté l'an dernier (voir notre article du 10 juin 2016). Un Lab dédié à l’innovation pour la qualité de l’air vient d'être lancé le 20 septembre par l’Association de surveillance et de mesure de la qualité de l’air parisien Airparif. Présente parmi les partenaires, la région a injecté 100.000 euros dans cette communauté de projets "qui va créer des liens entre tous les acteurs concernés" et pourrait "préfigurer dans ce domaine un futur pôle de compétitivité".
Pour réduire les émissions de polluants atmosphériques liées aux consommations énergétiques dans le bâtiment, son principal levier d'action est aussi le "fonds Air-Bois" lancé avec l’État, l'Ademe et d'autres collectivités volontaires. Déployé dans l'Essonne, ce fonds a été doté de 2 millions d'euros soit l'équivalent de 2.000 primes de 1.000 euros aux Essonniens éligibles par équipement remplacé. Le hic : l'étendre à d'autres départements où les habitants se chauffent au bois - la Seine-et-Marne et le Val-d'Oise sont dans l'attente – n'est pas gagné "car l'Ademe souhaite restreindre son champ de financement à la petite couronne, or ce n'est pas là que les habitants se chauffent le plus au bois", regrette Valérie Pécresse. Quant à l'expérimentation qui doit être lancée avec la RATP pour améliorer la qualité de l'air dans le métro, elle se fait attendre également, "cela ne semble pas pour eux une priorité", déplore l'élue régionale.
Carences en espaces verts : forte demande des collectivités
Un point a été fait sur l'avancement du "Plan vert" de la région (voir notre article du 22 février 2017), dont l'objectif est d'augmenter l'offre en espaces verts et boisés durant la mandature et d'améliorer leur accessibilité pour les Franciliens. Un premier appel à projets destiné à relancer la création d'espaces verts dans les territoires les plus carencés a suscité une trentaine de candidatures. "Ces projets qui seront annoncés en novembre ne sont pas seulement situés en zone urbaine dense mais aussi dans des villages et territoires plus ruraux", révèle Chantal Jouanno.
Responsable de la planification des déchets, la région met par ailleurs l'accent sur la lutte contre les dépôts de déchets sauvages. "Le fonds mis en place pour aider les communes, intercommunalités et départements a été quadruplé pour passer à quatre millions d'euros", indique Valérie Pécresse. Il appuie des projets d’acquisition d’équipements (vidéosurveillance), de travaux d'aménagement sur des "points noirs" sujets à des dépôts récurrents, notamment dans des espaces naturels sensibles du Val-d'Oise. Ou encore de développement d'une application mobile de signalement annoncée pour le premier semestre 2018. Enfin, vu l'ampleur du problème, la région compte transmettre aux ministères concernés des propositions visant à faire évoluer le cadre législatif et réglementaire et "lever les freins actuels empêchant l'application de sanctions par les collectivités envers les auteurs de ces dépôts".