Développement durable - Grand Paris : comment faire face au défi de l'approvisionnement électrique ?
Le Grand Paris devrait engendrer une demande nouvelle de puissance estimée à plus de 3.000 mégawatts d'ici 2025, a annoncé le 6 mars la préfecture d'Ile-de-France à l'occasion d'un séminaire centré sur l'approvisionnement électrique, le premier d'une série consacrée à la soutenabilité de cet ambitieux projet de développement territorial. Ces 3.000 MW sont destinés à faire face à la volonté affichée de développer les activités high tech et donc de l'accroissement de data centers, très gourmands en énergie (1.000 MW prévus), a précisé Vincent Le Biez, de la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie (Driee Ile-de-France). Ils doivent aussi servir à alimenter les nouveaux logements - avec un million de Franciliens supplémentaires attendus d'ici 2025 - et les commerces de proximité (1.150 MW), à faire fonctionner le futur métro automatique Grand Paris Express (350 MW) ou encore les 350 à 400.000 voitures électriques (450 MW) attendues sur les routes. Ils représentent une augmentation de 20% de la puissance actuellement nécessaire à l'Ile-de-France, et sont l'équivalent de la puissance de trois centrales nucléaire de Chinon ou encore 1.500 éoliennes à puissance maximale.
ERDF et RTE ont identifié huit zones de fort développement dans la région : la Défense et sa périphérie, Paris Nord Est, Paris Rive Gauche, Paris Batignolles, la Plaine Saint-Denis, Marne-la-Vallée tirée par Eurodisney, Seine Amont, Paris-Saclay. Les réseaux de distribution doivent donc être étendus ou renforcés car l'électricité acheminée sur les lignes haute tension par RTE passent par des postes transformateurs dits "postes source", d'où elle ressort, véhiculée cette fois par ERDF. Un poste est nécessaire pour la desserte d'environ 100.000 habitants, a précisé Vincent Le Biez, il faudra donc en construire un certain nombre et il faut au minimum de "4 à 6 ans" d'anticipation pour le faire. "Une politique déterminée en faveur de l'efficacité énergétique est incontournable pour limiter les besoins en infrastructures nouvelles", a insisté la Driee IDF.
Eau potable, assainissement, déchets, risques naturels et technologiques...
Le développement du Grand Paris pose bien d'autres questions en termes d'environnement, souligne la préfecture. "Comment faire en sorte que les matériaux nécessaires aux constructions soient produits et acheminés en quantité suffisante au plus près des zones d'aménagement dans des conditions soutenables, alors que la région importe déjà plus de la moitié des matériaux qui lui sont nécessaires pour construire 40.000 logements par an ?", s'interroge-t-elle. Il faudra aussi fiabiliser l'accès à la ressource en eau potable et garantir les performances d'assainissement face à l'augmentation de la fréquence, de l'amplitude et de la durée des étiages sévères des cours d'eau et des nappes. Autre interrogation : comment concevoir les aménagements nouveaux dans un esprit de reconquête urbaine - c'est-à-dire en construisant "la ville sur la ville" - sans s'exposer davantage aux risques naturels comme les inondations ou technologiques, du fait de la présence, en coeur dense de l'agglomération parisienne, d'installations Seveso ? Enfin, il faudra aussi mieux valoriser les déchets et "renforcer l'approche systémique de leur traitement", insiste la préfecture, sachant que les déchets du BTP représentent déjà plus de 20 millions de tonnes par an auxquels s'ajouteront plus de 10 millions de mètres cubes de déblais du réseau de transport.