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Transports - LGV Tours-Bordeaux : un médiateur pour mettre un terme aux divergences entre parties prenantes

Le médiateur pour la future ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux, Jean Auroux, a entamé le 9 juin un tour des régions concernées pour présenter ses recommandations. La veille, il a appelé collectivités, SNCF et concessionnaire à faire des "efforts" pour mettre un terme aux divergences, notamment financières, sur le projet. L'ancien ministre du Travail a été chargé par le gouvernement et la SNCF de faire le lien avec les collectivités mécontentes des dessertes proposées, et dont certaines ont suspendu leurs financements.
Il "y aura des insatisfactions", a-t-il prévenu lors d'une rencontre avec la presse. Selon lui, il sera notamment difficile de contenter à la fois ceux qui souhaitent des trajets directs, et ceux qui demandent des arrêts dans de plus petites gares. Le médiateur propose donc aux parties prenantes "une clause de revoyure 18 mois après la mise en service" de la ligne, "compte tenu de l'évolution de trafic qu'on ne connaît pas". Il faut que "les efforts soient partagés", a insisté l'ancien ministre. "On ne peut pas multiplier les trains sans poser la question du coût" : s'ils "partent à moitié vides, ça risque d'être contre-productif" pour l'image de la région, a-t-il ajouté.
La LGV Tours-Bordeaux, dont la mise en service est prévue en juillet 2017, doit mettre Paris à 2h05 de Bordeaux. Elle fait l'objet depuis plusieurs mois de vives passes d'armes, notamment en raison de son montage financier, fondé sur un partenariat public-privé. La LGV sera concédée à Lisea, filiale de Vinci et les 7,8 milliards d'euros du projet sont financés par l'Etat et les collectivités locales à hauteur de 3 milliards d'euros, SNCF Réseau (ex-RFF) pour 1 milliard, et le reste par Lisea. Les collectivités locales vont donc devoir débourser, au même titre que l'Etat, 1,5 milliard d'euros. Mais "il manque aujourd'hui quelques centaines de millions", a rappelé Jean Auroux. La subvention publique pour cette ligne est de 40%, contre 78% pour la LGV Est par exemple, a détaillé le médiateur, "d'où un effet sur les péages, entre autres". 
Si le premier essai avec Lisea "ne fonctionne pas, il n'y en aura pas d'autre", a prévenu Jean Auroux, qui a insisté sur la nécessaire implication du concessionnaire : "Il va être difficile de dire que tout le monde fait des efforts sauf un", a-t-il assuré. Selon la directrice de Voyages SNCF, Rachel Picard, les discussions avec Lisea sont rompues depuis le 11 mai. La SNCF prévoit une perte d'exploitation annuelle de 150 à 200 millions d'euros. Il "manque de l'argent au départ (...). Le système ne peut pas être économiquement satisfaisant, pour personne", a estimé Rachel Picard.
Pour le président de Lisea, Laurent Cavrois, "les conventions de desserte ont été signées par deux ministres, les collectivités et par SNCF Réseau". "Nous souhaitons créer les conditions propices à la multiplication des fréquences et des dessertes, mais les contraintes contractuelles sont là", a-t-il dit à l'AFP. "Si on parle de dessertes qui vont au-delà de ce qui avait été fixé, des dessertes ambitieuses, on est prêt à éventuellement discuter d'un allègement des péages, au-delà de ce socle", a toutefois assuré Laurent Cavrois. Concernant la perte d'exploitation prévue par la SNCF, le président de Lisea a dit ne pas disposer "des chiffres évoqués par la SNCF". "Nous ne savons pas ce qu'ils recouvrent ni comment ils sont calculés. La SNCF doit sortir de cette opacité", a-t-il souligné.