Mobilité - Infrastructures de transport : le rapport Duron propose le report de la construction de plusieurs LGV après 2030
Le rapport de la commission Mobilité 21 dirigée par le député-maire socialiste de Caen, Philippe Duron, propose de reporter la construction de plusieurs lignes à grande vitesse (LGV) au-delà de 2030, selon plusieurs sources concordantes confirmant des informations révélées le 18 juin par le magazine L'Usine nouvelle. La commission s'est attachée à revoir le catalogue des 70 projets figurant dans le Schéma national des infrastructures de transport (Snit), élaboré sous le gouvernement Fillon après le Grenelle de l'environnement de 2007. L'objectif est notamment de hiérarchiser des projets au regard des contraintes budgétaires. Selon des sources proches du dossier, jointes par l'AFP, le rapport, qui doit être remis le 27 juin au gouvernement, ne retient qu'une seule LGV entre Bordeaux-Toulouse à l'horizon 2030 et privilégie la desserte de proximité par rapport à la grande vitesse.
Selon L'Usine nouvelle, la commission a élaboré deux scénarios. Le premier ne prévoit pas de financement nouveau pour l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf). Dans ce cas, aucun grand projet ne verrait le jour. Le deuxième scénario, désigné comme "le plus probable" par les mêmes sources, prévoit de respecter les engagements du Grenelle en réaffectant la moitié de l'écotaxe sur les poids-lourds à l'Afitf, soit plus de 400 millions d'euros par an. Ce budget serait complété par d'autres contributeurs comme les collectivités et les opérateurs de transports, pour atteindre un montant d'investissement total d'environ 1,3 milliard d'euros par an. Ce scénario "optimiste" ne définit qu'une seule ligne à grande vitesse prioritaire, avec un début des travaux programmé entre 2020 et 2030 : l'axe Bordeaux-Toulouse, pour un coût d'environ 7 milliards d'euros. La ligne ferroviaire Picardie-Roissy est également validée et de nombreux "noeuds ferroviaires" (Lyon, Marseille, Nice...) doivent être créés ou rénovés.
Les autres lignes à grande vitesse seraient renvoyées après 2030, en dehors du champ des priorités gouvernementales. Les lignes Paris-Orléans-Clermont-Lyon, Bordeaux-Hendaye et la fin de la ligne Rhin-Rhône seraient concernées par ce report. Autre chantier, la ligne grande vitesse Paris-Normandie doit être moins ambitieuse que prévue. La liaison Paris Saint-Lazare-Mantes fait partie des priorités à réaliser avant 2030, mais le trajet Mantes-Rouen serait remis à plus tard. Contacté par l'AFP, le ministère des Transports s'est refusé à tout commentaire, en rappelant toutefois que "les préconisations de Philippe Duron ne présagent pas des décisions politiques à venir".
A.L. avec AFP
Report de la LGV Rhin-Rhône : "outrés", des élus alsaciens vont écrire à François Hollande
Jean-Marie Bockel, sénateur UDI et président de l'agglomération de Mulhouse, a confié à l'AFP être sur le point de "finaliser" un courrier au président de la République, qui sera ouvert à la signature de "l'ensemble des élus, présidents des conseils généraux et de région concernés". Il veut ainsi solliciter l'arbitrage du chef de l'Etat, suite à la proposition de report après 2030 de la deuxième tranche de la LGV Rhin-Rhône figurant dans le projet de rapport de la commission Mobilité 21. De nombreux élus alsaciens sont montés au créneau. Le président du Conseil général du Haut-Rhin, Charles Buttner (UMP), évoque un "scandale sans nom". Au-delà de la situation tendue des finances de l'État, le président du Conseil général du Bas-Rhin Guy-Dominique Kennel (UMP) lui non plus "ne voit pas la raison" de reporter ce projet, qui est selon lui "le dossier le plus avancé en France". Jean-Marie Bockel, qui se dit "à la fois désespéré et outré" par la proposition du rapport Duron, y voit "une remise en cause de la parole donnée", alors qu'une convention avait été signée en 2012 en vue d'achever la deuxième tranche du projet de LGV. "Le débat sur la pertinence du projet a eu lieu, l'arbitrage rendu, et de l'argent public engagé à travers des acquisitions foncières à hauteur de 80 millions d'euros", énumère l'élu. Quant à l'argument d'un gain de temps limité avancé par les opposants au projet, il est balayé par la nécessité d'achever l'axe européen à grande vitesse Rotterdam-Anvers-Bâle-Lyon-Gênes, un des projets de LGV européens jugés "prioritaires" par l'Union européenne, affirme-t-il. Les élus socialistes à la région Alsace s'opposent eux aussi dans un communiqué à un report du projet "qui contribue au rayonnement européen de l'Alsace et à son accessibilité, ainsi qu'à la relance économique permise par les emplois créés à cette occasion."
A.L. avec AFP