L'Etat reprend en main la gestion du RSA à La Réunion
Après la Guyane et Mayotte (voir notre article ci-dessous du 4 janvier 2019), Annick Girardin a annoncé, le 19 mars lors d'un déplacement à La Réunion, que l'Etat va reprendre au département la gestion du RSA. La ministre des Outre-mer était accompagnée pour l'occasion de Christelle Dubos, la secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Solidarités et de la Santé. Annick Girardin a fait cette annonce - qui devra donner lieu à un texte - en clôturant la conférence régionale des acteurs de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Elle a expliqué que "comme le gouvernement l’a fait en Guyane et à Mayotte, nous avons accepté la proposition du conseil départemental de récupérer la gestion du RSA. Ce qui permettra au département d'être mieux armé financièrement pour mettre en œuvre son action sociale". Une demande effectivement formulée depuis plusieurs années par le département. Son président (LR), Cyrille Melchior, l'avait encore réitérée devant Emmanuel Macron le 1er février, lors de la réception des maires et présidents de collectivités d'outre-mer, dans le cadre du Grand Débat national.
L'enjeu est de taille, puisque La Réunion (850.000 habitants) compte 92.000 allocataires du RSA, soit un chiffre pas très éloigné de celui du Nord (110.000 allocataires), pourtant 2,5 fois plus peuplé. La dépense de RSA s'y est élevée, en 2018, à 640 millions d'euros. Cyrille Melchior a expliqué que l'Etat aurait accumulé, au cours des dix dernières années, "un reste à charge non compensé à ce jour d'un milliard d'euros" et que "tous les ans à partir de septembre, c'est de fait le département qui verse environ 50 millions d'euros par mois sur ses fonds propres à la caisse d'allocations familiales". Si elle répond à la demande pressante du département, cette recentralisation accentue en revanche le hiatus au sein des DOM entre les départements qui conservent la gestion du RSA (Martinique, Guadeloupe) et ceux qui l'ont rendue à l'Etat.