Fibre optique - Les réseaux très haut débit progressent dans le monde
Avant sa 29e conférence internationale DigiWorld summit des 14 et 15 novembre prochains à Montpellier, l'Idate a présenté son analyse des conditions de déploiement du très haut débit en France, en Europe et dans le monde. "Le très haut débit commencera à remplacer l'ADSL à partir de 2010-2012 pour représenter environ 27% du total des accès haut débit en 2015 en Europe de l'Ouest", a déclaré Roland Montagne, responsable du secteur pour l'Idate. Cette évolution se caractérisera par la place prépondérante du FTTH (fibres optiques jusqu'à l'abonné), avec une moyenne de 18% en Europe en 2015 ; tandis que le VDSL (Very high bit-rate ou ligne d'abonné numérique à très haut débit ) représentera 9% du total de la base haut débit en 2015. Après le Japon et les Etats-Unis, précurseurs en la matière, les annonces de déploiement de réseaux en fibre optique se sont multipliées en Europe, reflétant l'intérêt des opérateurs pour ce type d'infrastructures. Fin 2006, on recensait environ 10 millions d'abonnés FTTH à travers le monde. La très grande majorité étant concentrée en Asie et surtout au Japon (8 millions d'abonnés), alors qu'aux Etats-Unis (1 million d'abonnés pour Verizon) la fibre optique est perçue par les opérateurs comme une solution pour contrer les câblo-opérateurs, et qu'en Europe les déploiements THD sont encore très sélectifs.
Le rôle clé des collectivités
Les deux pays européens largement en tête sont la Suède (un peu moins de 300.000 abonnés) et l'Italie (environ 250.000 grâce à FastWeb essentiellement), suivis de très loin par le Danemark (grâce aux compagnies électriques) et les Pays-Bas (environ 75.000 chacun). En France, outre les annonces de France Télécom, Free, Neuf Cegetel et Numéricable, les collectivités locales sont parties prenantes des déploiements par le biais des réseaux d'initiative publics à Pau, Gonfreville l'Orcher, dans le département des Hauts-de-Seine ou en petite couronne parisienne (Sipperec)... C'est également le cas en Suède (Stokab) et aux Pays-Bas. A Amsterdam, un débat juridique sur le rôle des municipalités est en cours. En Europe, 69,4% des déploiements de fibres sont à l'initiative des villes ou des "power utilities". "Les opérateurs historiques investissent davantage sur le VDSL ce qui leur permet de se positionner plus vite sur le marché du THD face aux cablo-opérateurs", explique l'expert.
"Finalement, parmi les opérateurs historiques européens, il n'y a guère que France Télécom qui se positionne clairement sur le FTTH, sans doute du fait de la distance moyenne de la boucle locale entre les foyers et les sous-répartiteurs. Cette dernière est en moyenne de 700 à 800 mètres en France, elle ne permet pas des débits suffisants sur le fil de cuivre pour les usages de TV HD, notamment", a conclu Roland Montagne. L'Idate prévoit environ 4,5 millions d'abonnés français THD à l'horizon 2012. Mais des questions clés conditionnent encore les déploiements : mutualisation des fourreaux de l'opérateur historique, intervention des collectivités, accès à la fibre dans les immeubles (rôle des syndics de copropriété et des bailleurs sociaux), partage des profits entre acteurs des réseaux, des services et des contenus.
Luc Derriano / EVS