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Innovation - Les régions veulent être reconnues comme copilotes des pôles de compétitivité

Alors que la troisième phase des pôles de compétitivité va bientôt commencer, un rapport de l'Institut de l'entreprise, publié le 4 décembre, en même temps que la tenue de la onzième journée nationale des pôles, pointe leur manque de concrétisation industrielle. Pour le gouvernement, il faut que les pôles deviennent de "véritables usines à produits d'avenir". Les régions espèrent un vrai rôle de copilotage. Les décisions sont en cours.

La troisième phase des pôles de compétitivité va commencer sur fond d'incertitudes. Cette politique, lancée en 2005 sous le gouvernement Villepin, a permis de constituer 71 pôles de compétitivité qui ont reçu d'importants financements publics : 4,5 milliards entre 2005 et 2011, dont 3 milliards provenant de l'Etat. Mais malgré ces montants importants, les projets ont du mal à émerger et surtout à se concrétiser, comme le montre l'Institut de l'entreprise dans une note publiée le 4 décembre à l'occasion de la onzième journée nationale des pôles, intitulée "Pôles de compétitivité : transformer l'essai". Pour l'institut, cette démarche "a permis depuis 2004 une révolution dans les politiques publiques de développement des territoires", mais elle a ses limites. Les pôles ne représentent en effet que 1,5% des brevets, 4,5% des dépenses de R&D et 5% des créations d'entreprises innovantes. "Seul un projet sur quatre accompagné par les pôles génère effectivement une innovation", insiste le rapport de l'Institut de l'entreprise.

Réduire le nombre de pôles de 71 à un nombre entre 10 et 15

Face à ces résultats mitigés, l'institut avance trois propositions. Premier point : réduire le nombre de pôles et les concentrer sur les secteurs à plus fort potentiel. Les pôles français sont beaucoup plus nombreux que les clusters d'excellence en Allemagne, qui sont seulement quinze, et ceux de Finlande (6). De plus, 62 des 71 pôles se partagent 50% du financement. "Face à la logique de saupoudrage, ramener les pôles à un nombre compris entre dix et quinze, pour leur permettre d'atteindre une taille critique, et les concentrer sur les secteurs à plus fort potentiel relève donc du bon sens", assure l'Institut de l'entreprise. Autres préconisations : renforcer la capacité des pôles à accompagner l'innovation et la mise sur le marché des projets et accroître l'implication des grandes entreprises, qui n'ont bénéficié de la politique des pôles qu'à hauteur de 10% alors qu'elles représentent 62% de la R&D française. 
Le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg a promis lors de cette journée qu'il n'y aurait pas de "délabellisation", mais il veut une réorientation des pôles qui doivent devenir des "usines à produits d'avenir". En clair, ils vont devoir concentrer leur énergie sur les retombées économiques, l'industrialisation et la diffusion des innovations dans les produits et services. Arnaud Montebourg a également précisé que les pôles doivent s'organiser pour mieux convertir leurs projets de R&D en programmes industriels et devenir ainsi de "véritables usines à produits d'avenir". C'est d'ailleurs ce qui était indiqué parmi les 35 mesures pour relancer la compétitivité présentées par le gouvernement en novembre 2012.

Un rôle plus affirmé pour les régions

Un changement devrait en revanche avoir lieu, et de taille. Il concerne le positionnement des régions dans cette politique. "Les régions seront fortement impliquées dans la gouvernance de cette politique", assure le communiqué du ministre. D'après les informations données par l'Association des régions de France, l'idée, initialement envisagée par le gouvernement, de séparer les pôles en deux catégories, les uns à vocation mondiale qui seraient pilotés par l'Etat, les autres copilotés par l'Etat et les régions, est abandonnée. C'était ce que préconisait la Datar dans un rapport sur l'évaluation de la deuxième phase des pôles publié en juin 2012. Finalement "nous avons réalisé qu'il y avait plus d'inconvénients que d'avantages dans cette solution, explique-t-on à l'ARF, nous n'en sommes pas demandeurs". En revanche, les régions veulent avoir un rôle plus affirmé dans la gestion des pôles et dans leur stratégie. Elles veulent ainsi participer au comité de pilotage et de suivi au niveau national, une instance pour le moment gérée au niveau interministériel et participer à la mise en oeuvre opérationnelle des pôles, à travers des appels à projets. "Ce qu'on demande, c'est que les régions soient reconnues comme l'interlocuteur public sur le territoire pour les pôles", poursuit la même source. Une reconnaissance qui existe de fait, mais que les régions voudraient voir écrit noir sur blanc. Les ministères devraient bientôt arrêter les orientations quant à cette nouvelle organisation. Pour les régions, cela permettrait d'aller vers une organisation plus simple, avec d'un côté l'Etat, responsable de la stratégie des filières, et de l'autre les régions, intervenant sur le champ du développement économique, et donc dans la feuille de route statégique des pôles. Côté financement, les deux parties se sont engagées à maintenir leurs engagements respectifs. La décision de reconnaître les régions comme copilotes des pôles est donc maintenant entre les mains du gouvernement. "Nous sommes confiants dans le fait que l'Etat sera réaliste et que cela se passera comme ça dans les territoires", assure-t-on à l'ARF.

 

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