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Economie - Pôles de compétitivité : une dynamique à pérenniser

La Datar vient de rendre publics les résultats de l'évaluation de la deuxième phase des pôles de compétitivité (2009-2012). Le rapport préconise une poursuite de la politique sur huit ans, en lien avec la future programmation européenne, avec une implication plus importante des régions.

La Datar (délégation interministérielle à l’Aménagement du territoire et à l’Attractivité régionale) vient de rendre publique l’évaluation de la deuxième phase de la politique des pôles de compétitivité. L’évaluation a été réalisée entre décembre 2011 et juin 2012 par le consortium Bearing Point-Erdyn-Technopolis ITD. Elle porte sur la mise en oeuvre des pôles de compétitivité de 2009 à 2012.
A l’heure actuelle, 71 structures ont été labellisées. Six pôles ont perdu le label en 2010 suite à la précédente évaluation et six nouveaux labels ont été attribués dans le même temps à des pôles centrés sur les écotechnologies.
La principale conclusion de l’étude est qu’il faut poursuivre cette politique mais en modifiant certains aspects. "Il apparaît nécessaire de pérenniser cette dynamique et de construire une troisième phase de la politique nationale qui s’inscrive dans une stratégie industrielle nationale, soit associée plus étroitement aux politiques de recherche et développement et d’innovation et reconnaisse de façon claire le rôle éminent des pôles pour l’attractivité du site France." L’étude met en avant les bienfaits de cette politique et particulièrement la dynamique collaborative "désormais mature et attractive" qu’elle a engendrée. "La politique des pôles fait preuve de réalisations majeures, conformes à ses objectifs initiaux et demande en ce sens à être reconduite", explique ainsi le consortium dans ses conclusions.
Entre 2008 et 2011, près de 900 projets ont été soutenus, mobilisant 2,7 milliards d’euros de financement public. Les pôles attirent des adhérents de plus en plus nombreux (+50% entre 2008 et 2011), notamment des PME et des grands groupes. Les pôles permettent l’émergence de nombreuses innovations. On en compte au minimum plus de 2.500, selon le rapport. Les résultats en matière de développement économique sont également encourageants : 1.300 entreprises estiment que l’adhésion aux pôles leur a permis de créer des emplois et 1.000 entreprises indiquent un effet sur le maintien des emplois, même si l'évaluation ne fournit pas de données globales sur les créations d'emplois découlant du dispositif. "Les pôles constituent un élément important de la promotion des territoires, jugé important par les investisseurs étrangers, estiment les auteurs. Ils contribuent à renforcer et mieux structurer les acteurs d’un même secteur ou d’une même filière au niveau local."

Pas de vision stratégique des pôles

En revanche, les pôles ont du mal à accompagner et suivre les résultats des innovations produites. Ils ont davantage une action sur l’émergence des innovations que sur leur mise sur le marché. Le rapport souligne aussi d’autres faiblesses de la politique des pôles, en particulier en matière de pilotage et de financement. Il regrette notamment le manque de priorité donnée à ces pôles : "Ils couvrent un grand nombre de thématiques sans qu’aucune priorité thématique n’ait été fixée par l’Etat, explicitement ou implicitement, par ses modalités d’intervention."
Pour le consortium, la classification en trois catégories (mondiaux, à vocation mondiale, nationaux) est obsolète car elle ne met pas en évidence de priorités de l’Etat. Globalement, il n’y a pas d’approche stratégique de la filière ou du secteur au niveau national. Le mode de pilotage est aussi considéré comme trop complexe : "La coordination interministérielle est perfectible avec les autres politiques de recherche et d’innovation, détaille le rapport. Le rôle des collectivités régionales dans le pilotage des pôles pourrait être renforcé. Le mode de pilotage ne permet pas pleinement d’impulser une vision stratégique des pôles."
L'évaluation aborde aussi la question du financement des pôles, sujet sensible depuis que la Commission européenne a découvert de nombreuses irrégularités (voir ci-contre notre article du 13 avril 2012). Les instruments financiers actuels ne répondent pas à tous les besoins des entreprises adhérentes en matière de projets R&D et de projets innovants. Le processus de labellisation est par ailleurs jugé trop complexe et long : "L'association des collectivités territoriales, en premier lieu des collectivités régionales, dans le processus de sélection du fonds unique interministériel (FUI) reste perfectible. Les échanges entre Etat et région sont insuffisamment normés en local."

D’une "usine à projets" à une "usine à croissance"

A ces quelques aménagements près, le rapport préconise la poursuite de cette politique en une troisième phase améliorée et ce sur une période de huit ans (2013-2020), pour couvrir la période de la future programmation des fonds structurels, avec une contractualisation en deux temps (2013-2016 et 2017-2020). Une évaluation "légère" à mi-parcours serait réalisée, sur la base d’une procédure d’auto-évaluation.
Le consortium propose aussi de revoir la classification des pôles avec des pôles de compétitivité internationaux, qui seraient pilotés par l’Etat, et des pôles de compétitivité et d’innovation, qui seraient quant à eux copilotés par l’Etat et les collectivités régionales. Dans ce dernier cas, "les conseils régionaux seraient responsables, en collaboration avec l’Etat, de la définition du territoire, de l’animation du réseau des pôles et de l’ensemble des actions en faveur du développement de l’écosystème et de l’émergence de projets de R&D", détaille le rapport.
Enfin, dernier changement sensible proposé : centrer les pôles sur le concept d’une "usine à croissance" des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire), au lieu d’une "usine à projets", comme c’est jusqu’à maintenant le cas. L’objectif étant pour les pôles d’obtenir davantage de résultats commercialisables, à travers une vision complète du cycle du projet. 
Suite à cette évaluation, une phase de concertation doit avoir lieu dans les prochaines semaines entre le gouvernement et les principaux acteurs publics et privés de la politique des pôles. Dans le même temps, les pôles vont recevoir des évaluations individuelles de leurs performances et résultats, réalisées par le consortium. Ces évaluations vont permettre aux financeurs publics d’engager avec chaque pôle une discussion sur les conditions de leur développement.