Energies - Les régions tentent d'apaiser le climat

Quel rôle les régions d'Europe peuvent-elles jouer pour faire progresser les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique ? Elles sont "à la pointe" du combat, répond une conférence européenne à Montpellier, malgré des dépenses encore très faibles (1% de leur budget), amputées encore en temps de crise...

Décevante, la conférence sur le changement climatique qui s'achève à Durban ? "Le défi énergétique et climatique sera relevé au niveau des régions !", a répondu à plus de 8.000 km de là, ce 8 décembre, Yves Pietrasanta, vice-président du Languedoc-Roussillon. A l'occasion du salon international des énergies renouvelables Energaïa, à Montpellier, la région s'est efforcée de le prouver par une conférence, organisée avec l'Assemblée des régions d'Europe (ARE). Avec un intitulé ambitieux : ces collectivités sont "à la pointe de l'investissement pour l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables".
A vrai dire, leurs efforts demeurent tout relatifs. L'ARE a enquêté auprès d'une trentaine de régions européennes l'hiver dernier : pour la plupart, l'enveloppe allouée à l'énergie ne dépasse pas 1% de leur budget. En outre, "beaucoup de régions reconnaissent que la crise a directement nui à leurs dépenses en matière d'énergie", comme le relate son rapport, publié en avril. Par exemple, "en Basse-Autriche, le budget énergétique a brutalement chuté de 30%" ! La crise de la dette publique, tout particulièrement, "renvoie à plus tard les engagements pris en faveur du développement durable", s'inquiète Jean-Claude Gayssot. Le vice-président de la région Languedoc-Roussillon cite pour exemple la hausse de la TVA réduite de 5,5% à 7%, qui doit impacter les transports collectifs.

Volontarisme

Cependant, "si l'argent est important, il n'est pas toujours la question principale", souligne Christina Diegelmann, coordinatrice à l'ARE. La stabilité des politiques menées constitue selon elle un enjeu capital : "Des changements trop fréquents tendent en effet à freiner les investissements privés dans les projets énergétiques."
En outre, des budgets contraints n'empêchent pas le volontarisme. En Languedoc-Roussillon, la "stratégie régionale pour l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables", approuvée en juin 2010, ne manque ainsi pas d'ambition. Elle actionne les trois leviers prônés par le scénario négaWatt : énergies renouvelables, sobriété et efficacité. La région aide ainsi 15.000 ménages à s'équiper en installations photovoltaïques ou en chauffe-eau solaires individuels ; la modération des usages passe, notamment, par des "Espaces info énergie" pour sensibiliser le public ; et la réhabilitation de plus de 1.500 logements sociaux, par exemple, permet de gagner en efficacité énergétique, avec le soutien du Fonds européen de développement régional (Feder).
Le Feder en effet, en ces temps de disette budgétaire, offre des financements précieux aux régions : jusqu'à 4% des contributions remises aux Etats peuvent servir à l'efficacité énergétique et aux énergies renouvelables dans le logement (la future politique de cohésion prévoit un minimum de 20% à partir de 2014). De fait, à travers l'Europe, 80% des financements régionaux dédiés aux énergies l'utilisent, selon l'enquête de l'ARE. Par ailleurs 45% recourent au Fonds social européen pour porter ces politiques. D'autres dispositifs encore peuvent être employés par les collectivités : Jaspers, Jessica, 7e programme-cadre de recherche et développement... L'ARE relève cependant "une multitude d'obstacles empêchant les régions d'utiliser les fonds de l'UE pour les projets énergétiques. Le manque d'informations semble en être la raison principale".

Force économique

Enfin, les difficultés économiques peuvent paradoxalement motiver les investissements des régions : "Certaines ont mis en place des programmes intelligents, en combinant l'objectif de sortie de crise avec la promotion de l'innovation", relève Christina Diegelmann. Elles peuvent notamment "offrir à des PME des subventions pour la recherche et développement". Aux Pays-Bas, le vent constitue même "une force économique" pour la province du Flevoland, comme l'a expliqué son représentant Jeroen Grutters : en 2008, l'énergie éolienne apportait déjà dans sa région 320 emplois et 125 millions d'euros de revenus annuels bruts.
En définitive, même en temps de crise, les régions constituent contre le changement climatique "l'échelon le plus pertinent, pour sensibiliser la population et pour mettre en place des actions auprès des entreprises, des agriculteurs, des consommateurs", conclut Claude Tremouille, vice-président de la région Limousin. De quoi rendre un peu d'espoir pour le climat... Même si le Suédois Kenneth Backgård a fait cette annonce glaçante en fin de conférence : ce mois de novembre en Botnie du Nord, près du cercle polaire, la température n'est presque jamais tombée au-dessous de zéro.

 

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