Les polices des villes moyennes de mieux en mieux équipées
Le sixième panorama de la police municipale des villes moyennes relève une "montée en gamme" de l'équipement des agents, dont la panoplie est aujourd'hui très proche de celle des policiers et gendarmes. Dans 9 villes moyennes sur 10, les agents sont équipés d'armes létales, contre 6 sur 10 au niveau national. Très rares sont les villes qui ne disposent pas de parc de caméras de vidéoprotection. Plus que jamais, les maires se refusent à ce que leur police serve de réserve d'ajustement à la police nationale.
Chaque année depuis la première édition du panorama des polices municipales de villes moyennes, Villes de France le redit : les policiers municipaux ne doivent pas devenir les supplétifs des policiers et gendarmes. Et la sixième édition de ce panorama, publié le 14 septembre, n'échappe pas à la règle. "La police municipale doit continuer à agir en complémentarité - et non en substitution - de la police nationale ou de la gendarmerie, ce qui tend néanmoins à devenir de plus en plus le cas, lors d'événements festifs, de manifestations ou pour les incivilités du quotidien", déplore l'association dans un communiqué publié à cette occasion. Un constat qui intervient quelques semaines après les émeutes urbaines, au cours desquels les policiers municipaux ont été fortement sollicités, notamment pour protéger les bâtiments publics. Même si ce panorama a été réalisé juste avant. À noter que les deux tiers des maires interrogés refusent que leur police puisse être amenée à intervenir sur le "petit judiciaire". Ils s'opposent dans la même proportion à ce qu'elle serve de "réserve d’ajustement" de la police d’État pour les missions de police administrative.
Une moyenne de 36 agents par police
Principal constat de cette enquête réalisée à partir des réponses de 46 communes : l'armement létal se généralise et l'équipement en outils technologiques progresse. Dans 9 villes sur 10, les policiers sont équipés d'armes à feu, contre 6 sur 10 au niveau national. Seule une ville de l'échantillon ne possède pas de police municipale : Chaumont, 22.300 habitants, dans la Haute-Marne. Les autres possèdent en moyenne 36 agents (dont 23 policiers municipaux, les autres étant ASVP, médiateurs, opérateurs de vidéoprotection…), contre 31 lors du précédent panorama.
Seules trois villes sur les 45 - Mâcon, Montceau-les-Mines et Saint-Nazaire – n'ont pas de policiers armés, pour autant la réflexion est en cours. La plupart des policiers armés disposent de "pistolets semi-automatique chambrés en 9mm (calibre identique à celui utilisé par les forces de l’ordre) de type Sig-Sauer, Glock 17 ou Berreta", précise le panorama. Les autres disposent "de revolvers chambrés en 9 mm (type Manhurin), calibre 38 Spécial ou de revolvers de calibre 7.65 mm".
Par ailleurs, pratiquement tous les policiers municipaux sont équipés d'armes non létales de type taser ou flashball.
De manière générale, le panorama relève une "montée en gamme" de l'armement (létal ou non), "Le contexte d’insécurité urbaine, ou plus anciennement d’attaques terroristes, est à l’évidence à l’origine d’un changement de nature dans l’équipement des polices municipales, qui s’est accéléré ces dernières années", souligne-t-il. La légitime défense ayant souvent pesé dans les décisions.
Caméras-piétons
La "panoplie" du policier municipal (gilets pare-balles, armes, taser, LBD, géolocalisation, caméras-piétons…) ressemble de plus en plus à celle des policiers et gendarmes. Dans une ville moyenne sur deux, l’enregistrement des interventions avec des caméras-piétons a déjà été mis en œuvre.
Autre fait notable : la quasi-généralisation des caméras de vidéoprotection, seules Saumur et Bergerac n'en disposant pas, avec une moyenne de 66 caméras par ville contre 50 dans la précédente édition. L'équipement moyen d'une ville de 35.000 habitants est de 111 caméras. Certaines villes les utilisent de façon "pro-active (avec un centre de supervision urbain). La vidéoprotection reste "prioritairement orientée sur la protection des biens et des personnes et l’aide à la résolution des crimes et délits" mais certaines villes (Agde, Alès, Béziers, Bourges, Chelles, Haguenau, Melun, Saint-Quentin ou Troyes) l'utilisent de manière "pro-active" avec raccordement à un centre de supervision urbain. Quelques villes utilisent aussi la "vidéo-verbalisation".