Sécurisation du Mondial de rugby : comme un air de répétition générale
À deux jours du coup d'envoi du Mondial de rugby, les ministres Gérald Darmanin et Amélie Oudéa-Castéra ont dévoilé le dispositif de sécurité qui sera déployé pendant les deux mois de l'épreuve. L'occasion de "tirer les leçons" du cuisant échec de la gestion de la finale de la Ligue des champions de 2022 mais aussi de se préparer aux JO de 2024. Tous deux ont souligné l'implication des maires dont les polices vont constituer "des forces d'appoint extrêmement importantes".
C'est dans un esprit de "confiance" que le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, abordent la Coupe du monde de rugby qui démarre ce vendredi avec le match France-Nouvelle-Zélande, au stade de France (Seine-Saint-Denis). Ils ont présenté le 6 septembre le dispositif de sécurité déployé pendant les deux mois de l'épreuve. Or moins d'un an avant les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, cet événement a valeur de répétition générale. Avec quelques différences cependant. Les flux attendus sont moindres (environ 2 millions de visiteurs dont 600.000 étrangers attendus contre 10 millions de visiteurs étrangers pour les JO), plus espacés dans le temps (du 8 septembre au 28 octobre) et sur tout le territoire, avec neuf villes hôtes : Saint-Denis, Lille, Nantes, Bordeaux, Saint-Étienne, Lyon, Toulouse, Marseille et Nice. Le ministre de l'Intérieur, qui ne cache plus ses ambitions présidentielles, est au défi d'effacer le chaos de la finale de la Ligue des champions au stade de France le 28 mai 2022. Un rapport d'enquête avait conclu à de graves défaillances tant de la part de l'UEFA que de la police française. Depuis un an, des "progrès considérables" ont été accomplis, a assuré Amélie Oudéa-Castéra. "Nous avons tiré les leçons des événements difficiles que nous avons vécus et mis en place toute une série d'améliorations."
"Un outil formidablement précieux en vue des JO"
Parmi ces points d'amélioration : la création d'une billetterie "nominative et infalsifiable" et l'installation d'un dispositif de commandement interministériel, le Centre national de commandement stratégique (CNCS), inauguré officiellement par les deux ministres ce mercredi à Beauvau. Financé à hauteur de 3 millions d'euros, ce centre permettra de "développer des outils novateurs en sources ouvertes", souligne le ministère de l'Intérieur dans son dossier de presse. "Ce sera un outil formidablement précieux pour les Jeux olympiques et paralympiques", a salué la ministre des Sports, évoquant d'autres progrès en termes de gouvernance, notamment en lien avec le ministère des Transports et les autorités locales sur le volet mobilités. Un protocole de répartition des compétences a permis d'élaborer des "plans mobilité territoriaux" pour gérer les flux dans les villes-hôtes les jours de matchs…
Le parc de caméras de vidéosurveillance à été largement renforcé avec plus de 4 millions d'euros alloués par l'État. 550 caméras supplémentaires ont été installées dans 29 communes, s'est félicité Gérald Darmanin. À noter qu'un récent décret autorise l'expérimentation des caméras "intelligentes" prévue initialement pour les JO (voir notre article du 30 août 2023), mais le dispositif ne devrait finalement pas être testé pendant ce Mondial. En revanche, de nouveaux délits introduits par la loi sur les JO du 19 mars 2023 entreront en vigueur (les intrusions dans les enceintes sont désormais considérées comme des délits et non plus des contraventions).
Les responsabilités sont partagées entre l'organisateur et l'État : l'intérieur des enceintes sportives est du ressort de l'organisateur (avec 5.000 personnels de sécurité privée) et les abords, celui de l'État. "La mobilisation des forces de l'ordre est sans précédent sur le territoire national", a déclaré Gérald Darmanin. Le Mondial mobilisera chaque jour 5.100 policiers et gendarmes et jusqu'à 7.500 lors des pics d'activités, a indiqué le ministre. 37 unités de forces mobiles seront réquisitionnées. Pour le match d'ouverture, il y en aura même 39 : 4 pour la lutte contre l'insécurité des lieux touristiques, 5 dans les transports, 12 dans les stades, 16 dans la fan zone de Paris et 2 dans celle de Saint-Denis. Mais il y a eu aussi tout un travail en amont, assure le ministre, alors que les émeutes du début du mois de juillet sont encore dans tous les esprits. 106 plan "zéro délinquance" ont été adoptés. "Depuis un an, sous l'autorité des préfets, (…) en lien avec l'autorité judiciaire, nous avons multiplié les opérations d'effacement de la délinquance, singulièrement à Paris et, bien sûr, en Seine-Saint-Denis", s'est réjoui Gérald Darmanin.
"Des forces d'appoint extrêmement importantes"
Les deux ministres ont également salué le concours des polices municipales et l'implication des maires. En dehors de Paris et Saint-Denis, ce sont les municipalités qui seront principalement à la manœuvre pour assurer la sécurité des fan zones. Les polices municipales constituent "des forces d'appoint extrêmement importantes en cas de grandes difficultés, on l'a vu pendant les émeutes", a déclaré Gérald Darmanin, soulignant le "grand esprit républicain et sportif" qui règne chez les maires. "Je n'ai à ma connaissance pas de dysfonctionnement à noter", a-t-il dit après avoir eu quelques échanges musclés avec le maire de Lyon sur la gestion des émeutes (voir notre article du 20 juillet).
Le ministre de l'Intérieur a indiqué qu'aucune menace particulière n'avait été détectée, mais que la menace terroriste, "islamiste ou d'ultradroite", était toujours présente, de même que les "menaces cyber" (voir notre article de ce jour) ou les nouvelles menaces technologiques de type drones. À cet égard, un dispositif de sûreté aérienne et de lutte anti-drone sera mis en œuvre conjointement par les ministères des Armées et de l'Intérieur.