Circulaire FIPD 2023 : cap sur "les grands événements sportifs"… et le complotisme
Outre la sécurisation des grands événements sportifs à venir, la circulaire annuelle d'utilisation des crédits du Fonds interministériel pour la prévention de la délinquance (FIPD) prend une tournure de plus en plus politique avec le contrôle de "toutes les sphères en rupture" et la lutte contre le complotisme.
Le ministère de l’Intérieur vient de mettre en ligne sa circulaire annuelle d’utilisation des crédits du Fonds interministériel de prévention de la délinquance (FIPD). Daté du 16 février 2023 et envoyé aux préfets, le texte met le cap sur "les grands événements sportifs de 2023 et 2024" et tient compte des "enjeux émergents" comme les atteintes aux "valeurs républicaines".
Doté de 82 millions d’euros, le FIPD a vu ses crédits augmenter de 2 millions d’euros sur un an. Ce qui profitera à l’enveloppe déléguée aux préfets dont le montant passe de 54 à 55 millions d’euros.
Comme les années précédentes, le ministre demande d’orienter une part importante des crédits vers la vidéoprotection et plus particulièrement vers "les dispositifs de sécurisation de la Coupe du monde de rugby 2023 (CMR 2023) et des Jeux olympiques et Paralympiques 2024 (JOP 2024)". Les préfets devront veiller "à ce que les projets présentent un intérêt au regard de la sécurité publique au-delà du déroulement de ces évènements et tiennent compte des évolutions technologiques susceptibles d'être autorisées par le projet de loi relatif aux JOP 2024". Seront financés par ailleurs : le déport d’images vers les services de police et de gendarmerie ; les centres de supervision urbains mutualisés ; le soutien aux "dispositifs structurants" contenus dans les contrats de sécurité intégrée, soutien qui sera étendu aux lieux de régulation des flux de transport (voies d'accès aux gares et stations, abords extérieurs, etc.). "Le cofinancement avec les collectivités locales reste par ailleurs la règle pour le financement de ces dispositifs pris en charge à hauteur de 50% maximum par le FIPD", rappelle le ministre.
Toujours dans ce programme de sécurisation (dit "programme S"), les préfets devront poursuivre le soutien aux équipements des polices municipales et l’achat de caméras mobiles aux sapeurs-pompiers et gardes champêtres.
"Sphères en rupture"
Les autres priorités imposées aux préfets sont la prévention de la délinquance des jeunes et "ses manifestations les plus récentes" (rodéos urbains, harcèlement, entrées dans les trafics de stupéfiants, violences entre bandes…), la lutte contre les violences intrafamiliales... La circulaire poursuit la lutte contre la "radicalisation" entamée sous Manuel Valls. Pour percevoir une subvention, toute association doit avoir souscrit un "contrat d’engagement républicain" découlant de la loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République. Le ministre demande "d'accentuer les mesures de contrôle au sein de toutes les sphères en rupture, y compris dans les communautés ou groupes antiautoritaires, dès lors que des menaces à l'ordre public sont mises en évidence". On est parfois loin de la mouvance islamiste, comme l'a montré l'affaire de l'association écologiste Alternatiba, à Poitiers (voir notre article du 7 octobre 2022). Et pour la première fois, le "complotisme" fait son apparition dans la circulaire, en lien avec les premières Assises des dérives sectaires et du complotisme qui viennent de se dérouler à Paris, au cours desquelles le gouvernement a annoncé un "plan interministériel" d’ici l’été. "L'approche globale de lutte contre les parcours de rupture initiée en 2021, étendant le programme de prévention de la radicalisation à la lutte contre les séparatismes et les dérives sectaires, comportera dès cette année une action forte dans la lutte contre le complotisme", est-il mentionné dans le texte.