Culture - Les opéras font le plein, mais s'inquiètent du soutien des collectivités
Comme chaque année depuis huit ans, les opéras français - regroupés au sein de la Réunion des opéras de France (ROF) - ont organisé, les 10 et 11 mai, l'opération "Tous à l'opéra". Comme chaque année, cette opération - soutenue par la Caisse des Dépôts - a connu un vif succès, qui témoigne à la fois du goût croissant des Français pour l'art lyrique et de la - relative - démocratisation de l'opéra.
Plus de 2,3 millions de spectateurs en 2012
Les 25 opéras membres de la ROF, qui fête en 2014 le cinquantenaire de sa création, ont accueilli en 2012 (derniers chiffres disponibles) 2.322.555 spectateurs, soit une augmentation de 2,8% par rapport à 2011. Ces spectateurs ont assisté à 2.729 spectacles (+1%) et 2.819 levers de rideaux (+3% par rapport à 2010). Les spectacles lyriques représentent 31% des levers de rideau en 2012 et 44% de l'activité. La taux de fréquentation payante est de 93% et le public de l'art lyrique représente 63% des abonnements.
Si la fréquentation est ainsi à la hausse, elle reste néanmoins assez déséquilibrée, puisque l'Opéra de Paris représente à lui seul 37% des spectateurs. Il existe également un écart important en termes de coûts : le prix moyen d'une place pour assister à un spectacle lyrique dans un opéra en région (sur la base de 22 opéras étudiés sur ce critère) est de 40 euros, mais il est de 100 euros à l'Opéra de Paris.
Hors Paris, 80% des subventions viennent des collectivités
En termes financier, le budget total 2012 des 25 opéras de la ROF - dont l'Opéra de Paris - s'élève à 543,43 millions d'euros, soit une hausse de 3,02% par rapport à 2011. La billetterie et les recettes propres n'en représentent qu'un peu plus du quart (26%), contre 69% pour les subventions. En 2012, les ventes et recettes propres ont toutefois progressé beaucoup plus vite (+9,4%) que les subventions (+1%).
Ici aussi, le déséquilibre est important puisque l'Opéra national de Paris absorbe 71,3% de l'aide que l'Etat accorde aux opéras de la ROF. Hors Paris, 65% des subventions aux opéras de la ROF proviennent des communes et des intercommunalités, 15,5% de l'Etat, 11% des régions et 4% des départements.
Comme le souligne le dossier diffusé à l'occasion de "Tous à l'opéra", "ce maintien des subventions, accompagné d'une maîtrise des charges, permet de garantir les activités". La principale inquiétude des opéras réside en effet dans le maintien des financements des collectivités, elle-mêmes confrontées aux effets du plan d'économies annoncé par Manuel Valls.
Des emplois très privés
En termes d'emplois, les 25 opéras de la ROF font travailler 6.655 équivalents temps plein, soit un effectif en baisse de 0,6% par rapport à 2011, mais en hausse de 0,5% sur 2010. Les emplois artistiques représentent 45% du total (dont 19% pour l'orchestre), contre 37% pour les emplois techniques et 19% pour les emplois administratifs. A eux seuls, les effectifs de l'Opéra de Paris représentent 28% du total.
Plus des trois quarts (77%) des emplois sous contrat public sont permanents, tandis que, dans le cadre des contrats de droit privé, 26% des emplois sont occasionnels et 67% permanents. Les contrats de droit privé prédominent d'ailleurs largement, puisqu'ils représentent 69% de l'emploi total. Les contrats de droit public sont toutefois majoritaires parmi les emplois artistiques.