Culture - Les musées du XXIe siècle seront des écosystèmes professionnels éthiques, protéiformes et inclusifs (ou pas)
Audrey Azoulay, ministre de la Culture, a installé, le 17 mai, la mission "Musées du XXIe siècle", qui a aussitôt tenu sa première réunion dans les locaux de la rue de Valois. Présidée par Jacqueline Eidelman, conservatrice générale du patrimoine (et ancienne directrice du département de la politique des publics de la direction générale des patrimoines au ministère), elle associe, à travers un comité de pilotage regroupant une vingtaine de représentants d'établissements français et internationaux, l'ensemble des musées de France.
En pratique, la mission vise plus particulièrement les 1.220 établissements titulaires du label "Musées de France". Sur ce point, Audrey Azoulay s'est dite heureuse de constater que le comité de pilotage de la démarche "fait la part belle aux musées territoriaux".
Hyper-fréquentation et sous-fréquentation
La mission doit travailler à la définition du musée du XXIe siècle et remettra ses conclusions "à la fin de l'automne 2016". Dans son discours lors de l'installation de la mission, Audrey Azoulay a rappelé que cette mission prend place à "une époque dans laquelle les œuvres d'art sont menacées : destruction des bouddhas de Bâmiyân en 2000, et, entre le début du XXIe siècle et aujourd'hui : destruction des trésors de Tombouctou, du musée de Mossoul et des vestiges de la cité millénaire de Nimrud, pour ne rien dire des temples de Palmyre".
En France, les attentats de l'an dernier ont eu une conséquence négative directe sur la fréquentation des musées. Mais au-delà de cela, la ministre de la Culture a rappelé que "tandis que certains musées sont, à certains moments, peut-être trop fréquentés, et que l'on s'interroge sur la gestion des flux et des entrées par créneaux horaires, d'autres musées sont trop peu connus et trop peu fréquentés". Elle entend donc aborder la question de l'hyper-fréquentation, mais aussi celle de la sous-fréquentation de certains musées. Une réflexion qui, selon elle, "passe nécessairement par la question des horaires, qui conditionne la nature des publics".
Des réunions territorialisées
Audrey Azoulay a fixé quatre grands thèmes à la mission, qui feront chacun l'objet d'un groupe de travail. Le premier portera sur le musée éthique et citoyen, "creuset du renforcement des liens sociaux, de la dynamique des territoires, de la valorisation de la citoyenneté et de l'ouverture aux autres". Second thème abordé : le musée protéiforme, dont les finalités et les modes de fonctionnement peuvent se démultiplier : in situ, hors les murs, virtuels, multipliant les expositions temporaires et les événements culturels... Le troisième groupe de travail traitera du musée inclusif et collaboratif, afin de mieux intégrer les attentes diversifiées des publics et la place à leur accorder dans la conception de l'offre et de la programmation culturelles. Enfin le dernier thème est consacré au musée comme "écosystème professionnel", à travers une réflexion sur l'évolution des métiers et des missions de service public.
Selon le calendrier présenté par Audrey Azoulay, les quatre groupes de travail se réuniront de juin à octobre. Certaines réunions seront territorialisées à Roubaix, Lyon, Strasbourg, Nancy, Bordeaux, Rennes ou d'autres villes.
Il est prévu, dans le même temps, l'organisation d'une table ronde durant l'été avec les organisations professionnelles, puis, à l'automne, la mise en place d'une consultation nationale en ligne. Enfin, un forum de clôture précédera la remise du rapport en novembre 2016.