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Logement - Les mises en chantier ont reculé de 15% l'an dernier et 2009 ne s'annonce guère mieux

Le ministère de l'Ecologie et de l'Aménagement du territoire et le commissariat général au Développement durable ont présenté à la presse ce 17 juin un point détaillé sur la conjoncture dans le secteur de la construction. Celui-ci est pour le moins sombre. Dans un contexte économique déjà très dégradé (baisse de 0,3% du PIB en 2008 et prévision de -3% pour 2009), le chiffre d'affaires des entreprises de construction (bâtiment et travaux publics) a plongé encore davantage : -2,3% en 2008 en prix constants (environ 172 milliards d'euros) et une fourchette prévisionnelle comprise entre -3,5 et -5,7% pour 2009. Si l'on s'en tient au seul bâtiment, le recul est de -2% en 2008 (pour 134 milliards d'euros de chiffre d'affaires) et devrait se situer entre -3,3 et -5,8% en 2009. L'emploi dans le bâtiment s'est néanmoins maintenu l'an dernier, avec un gain de 13.000 emplois, sur un total de 1,208 million (+1%). En revanche, le secteur pourrait perdre jusqu'à 35.000 emplois cette année, et même 39.000 si l'on y ajoute les travaux publics. Le travail intérimaire est lui aussi fortement pénalisé : -7.000 emplois en équivalents salariés annuels en 2008 et entre -13.000 et -22.000 en 2009, ce qui ramènerait le total des emplois intérimaires dans la construction entre 121.000 et 130.000. Autre signe tangible de la dégradation de la situation, le nombre de demandeurs d'emploi en fin de mois (DEFM) de catégorie 1 dans le secteur de la construction est passé de 160.000 en 2007 - son plus bas historique depuis dix ans - à 212.000 en 2008 (+32%). En 2009, il devrait se situer entre 277.000 et 302.000 soit une nouvelle progression de 31 à 42%. Si l'hypothèse basse se réalise, le nombre de DEFM aurait ainsi pratiquement doublé en deux ans.
Ce recul brutal se retrouve naturellement dans les mises en chantier de logements. Ainsi que l'indique le ministère, "les mises en chantier connaissent un ralentissement cyclique". L'ampleur du cycle est toutefois sans précédent depuis le début des années 90. Avec un total de 435.200 logements (+0,3%), les mises en chantier avaient atteint une apogée en 2007. Elles ont plongé en 2008, avec un recul de 15,3% (et non pas de 13,8% comme indiqué par le ministère) pour un total de 368.500 logements : 169.500 en collectif (-16,5%) et 199.000 en individuel (-14,3%). Sous l'effet des différentes mesures du plan de relance, la décélération pourrait être un peu moins brutale en 2009, avec une fourchette comprise entre -6,4% et -11,8%, soit entre 325.000 et 345.000 logements mis en chantier au cours de l'année. En deux ans, le nombre de logements mis en chantier pourrait ainsi avoir diminué d'environ un quart.
Dans cette débâcle, le logement social tire plutôt bien son épingle du jeu. Le nombre d'agréments de logements locatifs sociaux - à ne pas confondre avec les mises en chantier et encore moins les livraisons - a ainsi progressé en 2008 de 8,5% ou de 5,5% selon que l'on prend ou non en compte l'enveloppe de l'Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru). Dans la première hypothèse, le nombre de logements locatifs sociaux agréés en 2008 atteint ainsi 117.271, soit le chiffre le plus élevé depuis six ans (55.380 agréments en 2002). En revanche - et contrairement aux autres données - le ministère ne fournit aucun chiffre prévisionnel pour 2009. Autre légère éclaircie : le secteur de l'entretien-amélioration du logement sauve un peu la mise dans le domaine de la construction. L'activité n'y a en effet reculé que de 0,7% en 2008 et - sous l'effet des différentes mesures du Grenelle de l'environnement - la baisse pour 2009 se limiterait à 1,7%.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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