Accès aux soins - Les médecins retraités et les praticiens étrangers au secours des déserts médicaux ?
Le conseil national de l'Ordre des médecins publie la septième édition de son "Atlas national de la démographie". Ce document, qui fait désormais référence, porte sur les médecins inscrits au 1er janvier 2013. Comme chaque année, il est riche d'enseignements sur un sujet qui préoccupe de plus en plus d'élus nationaux et locaux.
Moins de médecins, mais plus de nouveaux médecins
Ainsi, le nombre de médecins en exercice connaît une nouvelle baisse, toutefois limitée : -0,2% par rapport au 1er janvier 2012, soit un total de 199.419 médecins en activité régulière. De même, l'offre de soins libérale s'est légèrement tassée et représente désormais 57% de l'offre totale. La féminisation se poursuit en revanche à un rythme soutenu (+1% par rapport à 2012) et 43% des médecins en activité sont aujourd'hui des femmes. Le nombre des médecins étrangers progresse également, puisque 24% des nouveaux inscrits ont obtenu leur diplôme hors de France (11,4% dans un Etat de l'Union européenne et 12,7% dans un Etat hors Union).
Les augmentations du numerus clausus commencent à porter leurs fruits, puisque le nombre de nouveaux inscrits progresse de 4,5% en un an. Parmi ces nouveaux inscrits, seuls 12% choisissent l'exercice libéral. Une étude sur une cohorte montre toutefois que ce pourcentage monte à 35% au bout de cinq ans, la plupart des jeunes médecins préférant commencer par des remplacements. Parmi les médecins généralistes - qui jouent le rôle principal dans la desserte des territoires à faible densité de population -, 23% choisissent l'exercice libéral en premier exercice, mais ce taux monte à 45,5% cinq ans plus tard. Sur le plan géographique, l'Atlas 2013 fait état d'un recul des régions à forte densité médicale, comme l'Ile-de-France, Paca, Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Aquitaine.
Près de 11. 000 médecins retraités actifs et 21.000 étrangers
L'édition 2013 de l'Atlas propose également un focus sur deux thématiques. La première est celle du poids croissant des médecins retraités mais toujours en activité. Au 1er janvier 2013, l'Atlas recense ainsi 10.952 médecins retraités actifs, dont près des deux tiers (64%) exercent en libéral. Leur nombre est en progression de 300% depuis cinq ans. Cette envolée s'explique sans doute par les effets de la loi du 2 août 2003 portant réforme des retraites (loi Fillon), qui a autorisé le cumul entre activité et retraite. Mais il est également possible que certains praticiens, faute de trouver un remplaçant, fassent le choix de continuer d'exercer afin de ne pas abandonner leurs patients, même si tous les retraités actifs sont loin d'exercer uniquement dans les zones sous-dotées.
L'Atlas montre que ces médecins retraités actifs sont âgés en moyenne de 68,6 ans et qu'il s'agit à 80% d'hommes (les étudiantes en médecine étant peu nombreuses à l'âge où ils faisaient leurs études). En prolongeant la tendance, l'étude estime que ces médecins retraités en exercice seront 29.400 en 2018 et qu'ils représenteront alors 40% des praticiens retraités. L'Ordre se félicite d'ailleurs de cette évolution, en rappelant qu'il "n'a eu de cesse d'encourager la retraite active des médecins afin de pallier les problèmes d'accès aux soins".
Le second focus concerne les médecins à diplômes étrangers (européens et extra-européens). Au 1er janvier 2013, ils sont au nombre de 21.111, dont 19.762 actifs et 1.349 retraités (soit 7,8% des médecins inscrits).Avec un total de 9.642 inscrits, les titulaires de diplômes européens représentent 46,8% du total. Ils sont majoritairement originaires de Roumanie (36,4%), de Belgique (21%), d'Italie (11,4%) et d'Allemagne (10,1%). Pour leur part, les 11.469 médecins inscrits titulaires d'un diplôme extra-européen sont originaires d'Algérie (40%), de Syrie (11%), du Maroc (10,5%), de Tunisie (4,8%), de Madagascar (3,9%) et du Liban (3,6%). Les médecins titulaires d'un diplôme étranger sont majoritairement des hommes (62%). Leur nombre est en forte croissance, même si elle est moins rapide que celle des retraités actifs (+43% entre 2008 et 2013). Cette croissance devrait se poursuivre pour atteindre un effectif de 23.971 médecins diplômés hors de France en 2018.
Toutes les régions connaissent une hausse de ces praticiens étrangers, mais les plus fortes progressions concernent des régions à faible démographie : l'Auvergne (+96% sur la période 2008-2013) et le Limousin (+62%). A la différence des médecins retraités, les médecins diplômés hors de France exercent principalement en salariés (63,5%) et beaucoup moins en libéral (24,6%) et en exercice mixte (11,9%).