Accès aux soins - Les médecins aussi veulent lutter contre les déserts médicaux
La Fédération hospitalière de France (FHF) publie les résultats d'une enquête commandée à TNS-Sofres et réalisée auprès d'un échantillon de 800 médecins (400 hospitaliers, 200 libéraux généralistes et 200 libéraux spécialistes). Thème de cette étude : "Les médecins et la réforme du système de santé".
Les médecins sont ainsi globalement inquiets de l'évolution de l'hôpital public : 21% s'en disent pas du tout satisfaits et 51% peu satisfaits. Ce jugement émane avant tout des médecins hospitaliers eux-mêmes, mais aussi des spécialistes libéraux, alors que 40% des généralistes se disent au contraire satisfaits de cette évolution. Face aux réformes récentes ou en cours, 67% des praticiens - quel que soit leur mode d'exercice - estiment qu'il faut "faire une pause pour réfléchir à de nouvelles réformes", tandis que 25% pensent qu'une nouvelle réforme doit être mise en place rapidement et que 15% jugent indispensable de "stopper toute réforme".
Le plus intéressant reste toutefois la réponse donnée par les médecins sur ce que devraient être les trois priorités du prochain ministre de la Santé (l'étude a été réalisée du 27 avril au 4 mai 2012). La lutte contre les déserts sanitaires arrive ainsi en tête avec 79% de citations cumulées, suivie par l'organisation des relations entre médecine de ville et hôpital (76% de citations). Viennent ensuite, mais à bonne distance, la réduction du nombre d'actes médicaux injustifiés (55% de citations cumulées), le développement des systèmes d'information et de la télémédecine (46%) et l'encadrement des dépassements d'honoraires (43%). Ces réponses sont très proches quelle que soit la catégorie de médecins considérée.
Une autre question propose aux praticiens une série d'affirmations correspondant à des mesures qui pourraient être mises en œuvre. Arrive en tête "l'encadrement des dépassements d'honoraires de manière identique en ville, en clinique et à l'hôpital", avec 81% de favorables, dont 37% de tout à fait favorables (43% chez les généralistes). Le second rang revient à l'autorisation donnée aux hôpitaux publics de créer et gérer des maisons médicales dans les territoires en voie de désertification sanitaire (77 % de favorables, dont 29% de tout à fait favorables, parmi lesquels 28% chez les généralistes et 36% chez les hospitaliers). De même, l'idée de supprimer les dépassements d'honoraires pour les médecins nouvellement installés dans les zones les plus denses médicalement recueille 50% d'opinion favorables, dont 18% de tout à fait favorables (22% chez les généralistes).
On peut regretter que les items proposés ne prennent pas en compte la récente proposition du conseil national de l'Ordre des médecins - déjà formulée auparavant par la Cour des comptes et la FHF - de limiter la liberté d'installation, en donnant aux agence régionales de santé (ARS) la possibilité de réguler l'installation durant les cinq premières années d'exercice des médecins sortant d'études (voir notre article ci-contre du 30 mai 2012). Il aurait en effet été intéressant de mesurer précisément les réactions des praticiens à une proposition qui touche à l'un des principes fondateurs de la médecine libérale.