Les maltraitances envers les adultes âgés ou handicapés en forte hausse au premier semestre 2021
À l'occasion de la Journée nationale des aidants, le 6 octobre, la Fédération 3977 – qui gère la plateforme nationale du même nom dédiée au signalement des maltraitances envers les personnes âgées et les adultes en situation de handicap – a salué, dans un communiqué, "le rôle essentiel des aidants dans la prévention et les réponses apportées aux situations de maltraitances pour lesquelles elle est alertée". La première source (47%) des alertes pour maltraitances reçues en 2020 est en effet constituée par les familles. Or, "dans la majorité des cas, il s'agit de proches qui contribuent à l'aide des personnes en situation de vulnérabilité".
Ce satisfecit n'efface cependant pas les chiffres inquiétants, publiés à la mi-septembre, sur l'évolution des signalements. Dans un communiqué, la plateforme pointait en effet un "fort rebond des alertes pour maltraitances d'adultes au premier semestre 2021". Alors que les pouvoirs publics s'inquiétaient d'une hausse possible des maltraitances intrafamiliales au premier semestre 2020, en particulier durant le confinement (voir notre article du 27 mars 2020), la comparaison entre les deux semestres montre un phénomène inverse. Le nombre de dossiers ouverts par le 3977 progresse ainsi de 28%, contre +3% au premier semestre 2020 (étant entendu que ces chiffres n'incluent pas les signalements concernant les enfants, qui passent par le 119). La progression est particulièrement forte pour les personnes handicapées (+54%), qui sont aussi les plus isolées. Le 3977 précise que même "en limitant l'analyse aux seules situations de maltraitances vraisemblables, dès le premier appel, l'augmentation au premier semestre 2021 reste très nette (+559 soit +23%)".
Le plus surprenant est que "cette évolution s'explique principalement par celle des maltraitances en établissement, en forte hausse de 2020 à 2021 (+291 soit + 44%) alors qu'elles étaient en repli apparent au premier semestre 2020, relativement à 2019 (-83 soit -11%)". Les maltraitances survenant à domicile ont, pour leur part, poursuivi leur augmentation antérieure (+581 soit +30%). Pour le 3977, "le fait saillant de cette période est donc l'irruption des maltraitances d'origine institutionnelle (qui ne se limitent pas aux établissements)".
Le communiqué ne donne pas vraiment d'explication sur ces évolutions, ou plutôt dresse une liste très générale de causes possibles : ressources de personnels insuffisantes liées à la faible attractivité des métiers concernés, formations lacunaires, difficultés de management, voire directives inappropriées... Un indice possible toutefois : outre l'augmentation des maltraitances liées aux soins (+90 soit +57%), essentiellement sous forme de négligences, le non-respect des droits explique aussi ce rebond du premier semestre 2021 (+122 soit +43%). Or le premier semestre inclut le troisième confinement, beaucoup moins bien accepté que le premier confinement du 17 mars au 11 mai 2020, ce qui a pu engendrer davantage de signalements autour des limitations de déplacements des résidents et des restrictions de visites des familles.