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Social / Municipales - Les maires constatent une aggravation de la pauvreté dans leur commune

Les maires estiment dans une très large majorité (80%) que le nombre de personnes en situation de pauvreté dans leur commune a augmenté ces dernières années, selon un sondage TNS-Sofres diffusé ce 3 mars pour le Secours catholique, à l'approche des élections municipales.
Ils sont 71% à penser que les personnes en situation de pauvreté sont, dans leur commune, "un peu plus qu'avant", 9% estiment même qu'ils sont "beaucoup plus qu'avant", seulement 6% jugeant qu'ils sont "moins qu'avant" (14% ne se prononcent pas).
"Au Secours catholique, on sait qu'il y a une forte dégradation de la pauvreté", souligne auprès de l'AFP Bernard Thibaud, secrétaire général de l'organisation. "Mais ce qui nous surprend c'est l'ampleur de la prise de conscience par les maires. Le chiffre de la dégradation de la pauvreté était de 51% en 2008, lors de la précédente enquête, et il est désormais de 80%."
Pour une majorité d'élus, les femmes seules avec enfants et les jeunes sans emploi sont les deux catégories pour lesquelles la pauvreté s'est le plus aggravée (63%), devant les personnes en emploi précaire (62%), les chômeurs de longue durée (55%). Bernard Thibaud s'étonne cependant que les maires aient "moins la perception d'une dégradation pour les personnes sans abri et les personnes migrantes, alors que nous-mêmes, on constate une dégradation importante de la situation des familles migrantes", sachant que les immigrés représentent près du tiers des personnes accueillies au Secours catholique.
Face à ce constat de précarité croissante, la quasi-totalité des maires considèrent avoir "pris des initiatives" et, notamment, avoir "fait des efforts plus importants" pour l'aide aux impayés (loyer, gaz, eau, électricité : 58%), les services d'aides à domicile (57%) et le soutien scolaire aux enfants (56%).
Par ailleurs, les trois quarts des maires (76%) jugent que le lien social s'est plutôt dégradé en France, mais pas au sein de leur commune, où la situation se serait plutôt améliorée (40%) ou n'aurait pas changé (46%).
Cette enquête, menée régulièrement depuis 1995, a été réalisée du 21 janvier au 3 février, par téléphone, auprès d'un échantillon de 400 maires, représentatif de l'ensemble des communes françaises.
C'est dans ce contexte que le Secours catholique lance une campagne, baptisée "Ne laissons pas disparaître la fraternité", destinée à "mettre le vivre ensemble au coeur des préoccupations" des municipales et, plus précisément, à demander aux candidats de s'investir dans un certain nombre de propositions. Celles-ci concernent en priorité le logement social et très social, l'analyse des besoins sociaux (de nombreuses communes refuseraient l'ABS, pourtant théoriquement obligatoire et indispensable pour "faire ressortir les formes de pauvreté d'une municipalité") et la nécessité de consulter les personnes en situation de précarité (en créant un groupe dans chaque CCAS).
Tout récemment, le Secours catholique diffusait les résultats d'une autre enquête, cette fois centrée sur les municipalités d'Ile-de-France de plus de 10.000 habitants, pour "prendre la mesure de leur action dans le domaine social". Cette enquête avait confirmé "une disparité très forte selon les communes dans la prise en compte des pauvretés et leur traitement" et "une forme inquiétante d'abandon de ces sujets par les communes riches aux municipalités déjà les plus en prise avec la misère" (voir ci-contre notre article du 6 février).