Tourisme de mémoire - Les lieux de mémoire militaires ont accueilli 12 millions de visiteurs en 2016
Alors qu'Emmanuel Macron et le président allemand Frank-Walter Steinmeier ont inauguré, le 10 novembre, le premier historial franco-allemand de la Guerre 14-18 au Hartmannswillerkopf (Haut-Rhin), EcoDef, le bulletin de l'Observatoire économique de la défense, publie une étude sur "la fréquentation touristique liée au tourisme de mémoire". Le ministère de la Défense y est présenté comme "un acteur essentiel dans la promotion du tourisme de mémoire, sur les plans mémoriel (honorer les sacrifices consentis par la Nation), organisationnel (structurer le secteur) et financier. Il travaille en collaboration avec les autres acteurs de l'Etat, notamment le ministère en charge du tourisme, les collectivités territoriales et les associations".
Une prédominance dans le Grand Est et le quart sud-est
Le premier enseignement est que les lieux de mémoire à connotation historique et militaire ont accueilli, en 2016, près de 12 millions de visites, dont 1,2 million pour les "hauts lieux de la mémoire nationale" (HLMN). Les lieux de mémoire sont en effet classés en cinq catégories : sites témoins des événements (champs de bataille, plages du Débarquement...), sites commémoratifs (nécropoles et cimetières), sites informatifs (circuits, routes...), sites pédagogiques (centres d'interprétation, musées...) et sites à vocation multiple. Parmi tous ces sites - dont l'étude ne donne pas le nombre -, neuf sont des hauts lieux de la mémoire nationale. Propriétés de l'Etat et gérés par le ministère de la Défense, "ils ont vocation à maintenir le lien armée-nation, par leur caractère national et emblématique"(*).
En lien direct avec l'histoire récente, l'offre touristique mémorielle se caractérise par la prédominance de deux grandes zones géographiques : le nord de la France et le grand quart sud-est. Sans surprise également, ce tourisme mémoriel est très marqué par les dates anniversaires. Ainsi, les évènements commémoratifs (centenaires de la Bataille de la Somme et de la Bataille de Verdun, par exemple) sont favorables à la fréquentation touristique dans les régions concernées. En 2016, la fréquentation est, par exemple, en hausse dans le Grand Est (centenaire de la Bataille de Verdun) et dans les Hauts-de-France (centenaire de la Bataille de la Somme), mais en baisse en Normandie et en Ile-de-France.
La Normandie reste toutefois le territoire de mémoire le plus fréquenté avec près de 4 millions de visites, suivi par l'Ile-de-France et les Hauts-de-France, qui totalisent 2,2 millions de visites chacun et le Grand Est avec près de 2 millions de visites en 2016.
Deux années de baisse après le pic de 2014
Si on s'en tient à une approche par site, les lieux de mémoire les plus visités sont le cimetière américain d'Omaha, le musée de l'Armée à Paris, le centre d'interprétation du parc mémorial canadien de Vimy (Pas-de-Calais), l'ossuaire et la nécropole de Douaumont, le cimetière allemand de la Cambe (Calvados), le musée national de la Marine (à Paris et dans quatre ports), le village martyr d'Oradour-sur-Glane...
Globalement, la fréquentation des lieux de mémoire est toutefois en baisse de 2,5% en 2016, après un recul de 7,1% en 2015. Il est vrai que l'année 2014 avait connu une fréquentation exceptionnelle, avec la conjonction du centenaire du début de la Première Guerre mondiale et du 70e anniversaire du Débarquement. De même, en 2016, le Grand Est voit la fréquentation de ses lieux de mémoire progresser de 37% en raison du centenaire de la Bataille de Verdun.
En 2017, le tourisme de mémoire devrait bénéficier du centenaire des batailles d'Arras et de Vimy, mais aussi de la rénovation de l'offre muséale, avec en particulier la rénovation du mémorial du débarquement et de la libération de Provence du Mont Faron à Toulon et... l'ouverture de l'historial franco-allemand du Hartmannswillerkopf.
(*) Le cimetière national de Notre-Dame-de-Lorette (Pas-de-Calais), le cimetière national de Fleury-devant-Douaumont et la tranchée des baïonnettes (Meuse), l'ancien camp de concentration de Natzweiler-Struthof (Bas-Rhin), le mont Valérien (Hauts-de-Seine), le mémorial des martyrs de la Déportation (Paris), le mémorial de la prison de Montluc (Rhône), le mémorial du débarquement allié de Provence au Mont-Faron (Var), le mémorial des guerres en Indochine (Var), le mémorial de la guerre d'Algérie et des combats du Maroc et de la Tunisie (Paris).