ESR - Les grands dossiers 2019 des petites villes universitaires
Mobilité des étudiants, universités expérimentales, accueil des étudiants étrangers, valorisation immobilière des campus… quelques enjeux 2019 pour les collectivités, et notamment pour celles qui veulent préserver leur université de proximité.
C'est au Muséum national d’histoire naturelle, au cœur du Jardin des plantes, que Frédérique Vidal a présenté, le 22 janvier 2019, ses vœux à la communauté de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation. Parmi tous les sujets abordés, trois intéressent tout particulièrement les collectivités locales.
"La fracture territoriale traverse aussi l’enseignement supérieur"
La ministre a confirmé que l'année 2019 verrait le déploiement d'une politique de mobilité des étudiants plus affirmée (voir aussi notre article Parcoursup, un outil délicat pour piloter les politiques de mobilité des étudiants du 18 janvier 2019). Cela signifie pour elle : "lever les obstacles matériels" via le futur "fonds pour la mobilité qui sera mis en place cette année", mais aussi "permettre aux jeunes qui ne veulent pas quitter leur foyer et leur territoire d’accéder à l’enseignement supérieur". Elle a conscience que "la fracture territoriale traverse aussi l’enseignement supérieur, avec des jeunes et des familles qui ont le sentiment d’être assignés à résidence parce qu’ils habitent à 2 heures de route de l’université la plus proche". Et aider ces jeunes suppose selon elle "d’inventer des modèles innovants, pour que l’université soit présente partout sur notre territoire, en tirant pleinement parti des technologies numériques". À suivre puisque "j’aurai l’occasion d’y revenir dans les semaines qui viennent", a indiqué la ministre.
Vers des "universités fortes à l'échelle de chaque site"
Le deuxième point concerne les vocations des universités de proximité. "Nous avons la chance d’avoir de grands organismes de recherche, reconnus à l’échelle internationale, comme nous avons la chance de pouvoir compter sur des universités qui revendiquent toute leur place dans la construction des stratégies de recherche." Tandis que des programmes prioritaires de recherche ont été donnés aux premières, le gouvernement prévoit "dans le même temps" d’accompagner "le mouvement d’émergence d’universités fortes à l’échelle de chaque site". L’ordonnance du 12 décembre 2018 a ainsi lancé "l'expérimentation de nouvelles formes de rapprochement, de regroupement ou de fusion". "Parmi les universités expérimentales qui verront le jour, certaines investiront particulièrement leur place d’universités de recherche. C’est une excellente nouvelle. D'autres affirmeront des priorités différentes ou formuleront leur stratégie d’une autre manière", se félicite Frédérique Vidal, en assurant que le rôle de son ministère n’est pas de "favoriser tel modèle aux dépens de tel autre".
Accueil des étudiants étrangers : "Le système redistributif est sans doute la seule voie"
Enfin la ministre a annoncé que Campus France lancera la première campagne de labellisation "Bienvenue en France" la semaine prochaine. Cette campagne est destinée à "rendre visible notre engagement collectif dans l’amélioration des conditions d’accueil" des étudiants étrangers. Pour rappel, l’Association des villes universitaires de France et France urbaine ont récemment alerté le gouvernement sur les conséquences territoriales de cette décision (voir notre article Les villes universitaires tiennent à leurs étudiants étrangers du 14 décembre 2018).
Pour l'heure, 180 grandes écoles et universités auraient manifesté leur intérêt pour le label. Dans son budget 2019, l’État consacre 10 millions d’euros pour un fonds d’amorçage qui sera mis en place "dès la fin du mois de février". Frédérique Vidal a défendu le choix du gouvernement de " mettre en place un système redistributif"* en rappelant bien que "la mise en place de ces frais différenciés s’accompagne, comme partout dans le monde, d’une politique volontariste de bourses et d’exonérations".
Selon les simulations du ministère, "25 % des étudiants internationaux concernés pourront bénéficier d’une exonération – et cela sans compter les exonérations transitoires qui garantiront aux étudiants internationaux déjà présents que rien ne change pour eux".
"Ce que chacun voit bien, c’est que la mise en place de ce système redistributif est sans doute la seule voie qui puisse nous permettre de garantir aux établissements qu’ils disposeront des moyens nécessaires pour améliorer les conditions d’accueil de tous les étudiants internationaux", a déclaré la ministre. Elle s'est engagée à ce que "les moyens dégagés aillent aux universités et aux grandes écoles, avec une seule vocation : financer l’amélioration de la qualité d’accueil et non pas compenser je ne sais quel désengagement".
Un guide méthodologique pour la valorisation immobilière des campus
La ministre n'en a pas parlé lors de ses vœux, mais elle estime qu'il faut " développer la vie des campus au moyen de la valorisation immobilière", ainsi qu'elle l'écrit en préface du tout nouveau Guide méthodologique intitulé "Valorisation immobilière, vie de campus & territoire" à destination des établissements publics d'enseignement supérieur. Depuis la loi de finances 2018 et son article 154, des activités jusque-là impossibles sur les campus (domaine de l'État) le sont désormais : services, logements, commerces, bureaux, hôtels… Le guide recommande notamment d'élaborer un "schéma directeur immobilier et aménagement" et, pour le long terme, un "plan guide urbain négocié avec les collectivités locales".
*Les frais d'inscription pour les étudiants étrangers passeront de 170 à 2.770 euros en licence (soit une multiplication par 16), de 243 à 3.770 euros en master (x 15) et de 380 à 3.770 euros en doctorat (x 9,9) dès la rentrée 2019.