ESR - Parcoursup, un outil délicat pour piloter les politiques de mobilité des étudiants
"L'introduction de quotas de non-résidents fait de Parcoursup un outil de pilotage de la politique de mobilité", affirme le comité éthique et scientifique de la plateforme dans un rapport rendu public quelques jours avant le lancement de la seconde étape de Parcoursup 2019. À partir du 22 janvier et jusqu'au 14 mars 2019, les candidats peuvent en effet s’inscrire sur la plateforme et débuter la formulation de leurs vœux. Ils auront ensuite jusqu'au 3 avril pour finaliser leur dossier et confirmer leurs vœux.
Nombre d'entre eux ont le sentiment que leur lieu actuel de résidence jouera dans le traitement de leur dossier. De fait, les quotas de "non-résidents" ne sont pas un fantasme. Ils n'ont pas non plus forcément vocation à discriminer une population "indésirable", ils peuvent aussi participer à une politique d'équilibrage territorial. Quoi qu'il en soit, le comité d'éthique recommande d'en "améliorer la lisibilité et les effets".
Deux objectifs inconciliables ?
Son rapport pointe la difficulté de "concilier" deux objectifs bien différents, en particulier pour les formations attractives : celui d'"éviter une forme de primauté des universités des grandes villes au détriment de celles situées en périphérie" et celui de "favoriser la mobilité des candidats" selon leurs vœux. En fonction des territoires, la balance penche d'un côté ou de l'autre. Si bien qu'on assiste aujourd'hui à une "hétérogénéité des pratiques académiques en matière de fixation des quotas de non-résidents".
Des académies comme celle de Nantes ont clairement fait le choix de "préserver les équilibres territoriaux", en fixant des quotas de non-résidents à 1% dans certains départements. D'autres, comme celle d'Aix-Marseille, affiche une hétérogénéité interne : le quota de non-résidents pour l'université d’Avignon en licence de droit et Staps a été de 1% l'année dernière, contre 30% à Aix-en-Provence pour le droit et 20% à Marseille pour Staps. "Cela a pu avoir pour effet de restreindre le recrutement d'Avignon" et "attirer un maximum d'étudiants vers (…) la métropole", note le comité.
Pour "prendre en compte l'équilibre territorial de l'offre et de la demande", le comité d'éthique suggère de fixer un seuil national minimum pour le quota plafond de non-résidents "afin d'éviter les effets négatifs de seuils trop faibles sur la mobilité des étudiants".
59% des candidats admis à Paris proviennent de l'académie de Créteil et de Versailles
En Île-de-France, 59% des candidats admis à Paris proviennent de l'académie de Créteil et Versailles, ce qui n'est pas ridicule mais ce qui n'est guère plus que l'année précédente avec le système APB. Pour le comité, dans la mesure où "l'objectif affiché de favoriser une plus grande mobilité géographique au sein de l’espace francilien n’a pas été réellement atteint", il faudrait que "les acteurs de l'enseignement supérieur de la région s'interrogent sur les choix opérés pour réguler les flux dans cette région marquée par de profonds déséquilibres dans l'offre de formation".
Même la ministre a trouvé ce taux "décevant", devant les sénateurs, le 16 janvier, lors d'un débat sur le thème "Après un an d’application, bilan et évaluation de Parcoursup", organisé à la demande du groupe communiste.
L'Île-de-France déclarée "zone unique de mobilité"
Frédérique Vidal a annoncé aux parlementaires avoir décidé qu'il faudrait désormais "considérer l'Île-de-France comme une zone unique de mobilité". "La barrière du périphérique n'a pas de pertinence en matière d'enseignement supérieur" et "tous les futurs étudiants franciliens ont une vocation égale à accéder à toutes les formations d'Île-de-France, sans distinction entre les trois académies concernées", avait-t-elle estimé le matin, en commentant la note d'étape de Laurent Lafon, sénateur du Val-de-Marne, missionné par le gouvernement sur la question de "la mobilité académique pour l'accès au premier cycle de l'enseignement supérieur en Île-de-France".
En Île-de-France, la région académique sera donc le secteur de référence pour les calculs et la mise en œuvre des taux de mobilité fixés par les recteurs pour les formations non sélectives du premier cycle universitaire.
Laurent Lafon doit maintenant proposer, avant la fin du premier trimestre de cette année, le modus operandi pour "accompagner les établissements d'enseignement supérieur dans la mise en œuvre de cette évolution, notamment en petite couronne". La ministre lui a également demandé d'examiner "la pertinence de la fixation d'un ou plusieurs taux minimaux de référence à l'échelle régionale pour garantir un accès effectif des lycéens ne résidant pas en Île-de-France aux formations d'enseignement supérieur qui y sont proposées".