Périurbanisation - Les grandes aires urbaines couvrent désormais la moitié du territoire
La périurbanisation se poursuit à bon rythme et se traduit par un effacement du monde rural. C'est ce qui ressort de deux études publiées simultanément par l'Insee. Celles-ci s'appuient sur un nouveau zonage des aires urbaines qui tient compte des déplacements entre domicile et travail. Il apparaît ainsi que 61 millions d'habitants, soit 95% de la population, sont "sous influence" d'une ville, qu'ils y vivent ou qu'ils y travaillent. Dans le détail, 85% de la population réside dans l'une des 792 aires urbaines françaises, c'est-à-dire des "zones d’échanges intensifs entre les lieux de domicile et de travail". Les aires sont composées d’un pôle, ville concentrant au moins 1.500 emplois, et d’une couronne, précise l'Insee. Elles englobent la moitié des 36.000 communes françaises. Au sein même de ces aires, 37,8 millions d’habitants (60% de la population) se concentrent dans 241 grands pôles urbains (plus de 10.000 emplois). Ces pôles se caractérisent par une forte densité de population : 800 habitants au km2, huit fois plus que la moyenne nationale. Avec 3.600 habitants au km2, le pôle de l’aire parisienne arrive largement en tête, devant celui d'Aix-Marseille dont la densité est quatre fois moindre. Pourtant, le pôle n'est pas forcément la zone la plus dense de l'aire : ainsi, l'agglomération lilloise possède une couronne plus dense que celle du pôle.
A côté de ces aires, il faut aussi compter les 11.000 communes "multipolarisées" qui regroupent 10% de la population. Installées au delà des aires urbaines, elles sont sous l'influence de plusieurs d'entre elles.
Les territoires ruraux vivant en dehors de toute influence des villes sont réduits à la portion congrue : ils n'accueuillent que 5% de la population, répartis entre 7.400 communes rurales ou petites villes.
L'étude montre ainsi que la frontière entre villes et campagnes ne résiste pas à une analyse fine du territoire : les trois quarts des communes rurales sont en réalité sous influence des villes.
Périurbanisation
Traduction de ces chiffres : la périurbanisation, objet de l'autre étude de l'Insee, qui a fortement progressé entre 1999 et 2008. La superficie des grandes aires urbaines, qui concentrent 80% de l'emploi en France, a augmenté de près de 40% en moins de dix ans ! Elles couvrent aujourd'hui presque la moitié du territoire (46%), contre un tiers il y a dix ans. Au sein de ces aires, les grands pôles ont connu une croissance de 22%, mais c'est en périphérie que la progression est la plus marquée. Les couronnes des grandes aires représentent désormais 28,6% du territoire, davantage que les communes rurales isolées.
Cette périurbanisation prend toutefois des formes variables. Seules deux des grandes aires voient leur superficie diminuer et une vingtaine, dont Lille, connaissent une stabilisation. Ailleurs, les progressions les plus fortes sont celles de Lyon, Bordeaux, Nantes et Rennes qui s’étendent de plus de 50% (contre 20% pour Paris et Marseille). A noter l'émergence d'une grande métropole en Rhône-Alpes : "L’aire urbaine de Lyon, qui était déjà en contact avec celle de Saint-Etienne, l’est désormais pratiquement avec celle de Grenoble", souligne l'Insee.
L'une des explications de cette évolution tient à l'emploi. Ce sont dans les pôles qu'il se concentre alors que les habitants font le choix de s'en éloigner pour vivre. Les grands pôles ont un effet attractif. Ils gagnent près de 2 millions d’emplois entre 1999 et 2008, alors que leur population active résidente n’augmente que de 1,3 million de personnes. Ce qui signifie que 700.000 de ces nouveaux emplois sont pourvus par des personnes vivant à l'extérieur. Au total, 4 millions d'emplois sur les 18 que présentent les pôles sont occupés par les habitants des couronnes et des communes multipolarisées.
Nombre de ces aires sont dans une dynamique démographique très favorable et cumulent de ce fait à la fois une extension territoriale et une densification de la population. C'est le cas de Bordeaux, de Nantes, de Strasbourg ou de Lyon, qui absorbe l'aire de Bourgoin-Jallieu.